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Descente du canyon de la Bendola en solo

05 Jui. 2017
1 jour de montée et 4 journées (4 nuits) au fond du canyon
Lundi 8 août 2016 :
Pas fermé l'œil de la nuit… Le stress certainement…. Est-ce bien sérieux de faire ce que je vais faire?! Il est encore temps de renoncer….
4 heures. Je me lève mais on n'y voit rien… nuit noire, impossible de voir le sentier. Je retourne m'allonger un peu. 5 heures, une faible lueur apparaît. En bas, au village, le coq s'égosille… Il fait encore nuit, mais bon, je me prépare et je pars un peu avant 5h1/2. Je vois à peu près où j pose les pieds. C'est suffisant. Çà et là, des sangliers grognent dans les buissons. Je dois les déranger dans leur repas matinal. C'est rien, les gros, je ne fais que passer…
J'arrive à la chapelle de Sainte Croix et la luminosité augmente petit à petit. Montée vers la Pinée. Première vraie montée. C'est dur mais j'y vais doucement en essayant de ne pas m'arrêter et de caler mon rythme le plus régulier possible. Je ne peux pas m'empêcher de regarder sans cesse vers le haut pour essayer de repérer les panneaux indicateurs qui marquent l'arrivée à la Pinée avec sa fontaine rafraichissante… Enfin, j'y arrive. Je ne suis qu'à la cote 860 et je suis déjà bien fatigué… Poser le sac. Hummm le Paradis de ne plus le sentir dans le dos. Je bois un coup en admirant le lever du jour sur la vallée de la Roya. J'entends encore au loin les bruits de la civilisation qui vont progressivement disparaître au fur et à mesure de la montée. Je remplis les gourdes et fais quelques prises de vues. Allez, il faut y aller; surtout pas s'arrêter trop longtemps. Je bataille ferme pour remettre le sac sur le dos, ramasse les deux caméras, le pied photo, le bâton et je fixe une gourde au sac pour être à portée de main. La montée reprend. Petit à petit j'avale du dénivelé. Le soleil ne frappe pas encore. Tant mieux! Une dernière barre rocheuse d'une centaine de mètres de hauteur à gravir et j'arrive enfin sur le replat de la bergerie d'Anan. Voilà une bonne partie de faite. Je suis à un peu plus de 1400m d'altitude et je vais faire une pause déjeuner et recharger les gourdes.
En 2005, l'eau coulait à volonté à la bergerie, mais aujourd'hui, rien! Pas une goutte d'eau. Sec ! Je dois absolument trouver de l'eau, sinon je n'y arriverai pas. Une ancienne citerne maçonnée, attenante à la bergerie contient de l'eau, certes pas très récente, mais c'est de l'eau. Il ne s'agit pas de faire le difficile. Je trouve un morceau de tuyau que je découpe pour pouvoir siphonner l'eau de la réserve. A proximité, près de l'entrée à demi éboulée du bâtiment, un cadavre d'âne achève de sécher au soleil. Pas très agréable tout ça. Tout en remplissant les gourdes, je me souviens d'Albert, le berger qui vivait ici avec ses chèvres :
En 1989, lors de notre première tentative de descente de la Bendola, avec Laurent, nous avons dû nous échapper du canyon, au niveau de la cascade de 40m, car nous n'avions pas assez de corde (nous avions été obligés d'en laisser une longueur en fixe en haut de la cascade de 45m pour pouvoir la descendre…). La nuit tombant, nous avons entrepris des escalades improbables, en combinaison néoprène, sans même prendre le temps de remplir les gourdes (il nous restait environ 1 litre d'eau réparti dans les 2 gourdes que nous avions). L'important était d'aller vite pour sortir avant qu'il fasse complétement nuit. La perspective de se retrouver coincés entre 2 cascades et être obligés de passer la nuit dans l'eau nous a donné des ailes (façon de parler bien entendu…). Bientôt, sous nos pieds, un à pic sombre de plusieurs centaines de mètres de hauteur avec, au fond, le grondement de la cascade qui plongeait dans le vide sans que nous en connaissions la hauteur (l'année suivante nous avons constaté qu'elle faisait 40 mètres). Nous avons réussi à trouver un petit replat sur lequel nous avons tant bien que mal passé la nuit, sans pouvoir bouger d'un poil. La vue était superbe avec le soleil qui finissait de quitter l'horizon en éclairant de rouge la montagne en face de nous. Et surtout nous étions sauvés, a priori. Sauvés oui, mais sans eau. On a utilisé le peu d'eau pour faire une soupe et un café, encore une gorgée chacun et, plus rien. Sec! Le lendemain matin nous avons continué l'ascension jusqu'en haut et là, nous sommes tombés sur un gamin d'à peine 10 ans qui gardait un troupeau de moutons, seul dans la montagne… Il nous a appris que nous étions à la Baisse de Chiay et, en consultant la carte nous avons suivi les crêtes en direction de la bergerie d'Anan. Surpris par un orage violent à la pointe de Lugo (ça claquait de partout sur les crêtes juste au dessus de nous), nous avons découpé un sac poubelle pour essayer de récupérer l'eau de pluie. Maigre récolte d'à peine un quart de gobelet. L'orage s'éloignant, nous avons dévalés les pentes herbeuses de la cime d'Anan jusqu'à la bergerie où vivait Albert et ses chèvres. Il nous a demandé d'où nous venions et quand il a appris que l'on sortait de la Bendola par le vallon de l'Agiasca, il avait l'air septique et un brin stupéfait. "Mais c'est l'enfer en bas! Quand j'étais tout jeune mon père m'interdisait de m'approcher de ces falaises à cause des moutons.". Pendant qu'il nous racontait cela, Laurent et moi avions les yeux rivés sur l'abreuvoir rempli d'eau. Rien d'autre ne comptait : boire. Il fallait boire. Le reste n'avait aucune importance… Et Albert qui ne nous en proposait pas de cette eau magique…. Au bout d'un moment, n'y tenant plus, je lui demande si il accepterait de nous en vendre (comme il ne nous en proposait pas, je pensais qu'il voulait la garder précieusement, car l'eau est rare sur les massifs calcaires). Il m'a regardé tout étonné : "Vous voulez de mon eau? Ah bon, parce que personne n'en veut de mon eau. A cause de Tchernobyl qu'ils disent." J'aime autant vous dire qu'on l'a vite rassuré sur ce point. On s'en foutait complètement! Boire boire boire, c'est tout ce qu'on voulait. Du coup, il nous a servi une cruche d'eau qui s'est évaporée en un rien de temps. Le pied ! A côté, le Nirvana c'est du pipi de chat. Merci Albert. Rien que pour cela je suis sûr que tu as eu une place d'honneur au Paradis.
Mes gourdes remplies et le ventre aussi, je reprends la montée, difficilement car l'arrêt trop long m'a cassé les pattes. Il faut retrouver le rythme. Le soleil chauffe maintenant et, doucement, j'arrive à la baisse d'Anan.
En 2005, nous avions continué le GR jusqu'à la Baisse de Lugo et attrapé plus loin un sentier qui partait vers la Baisse de Chiay. Mais le sentier disparaissait pour laisser la place à une végétation touffue de buissons et de bosquets dans laquelle il fallait faire des enjambées titanesques et dans laquelle on s'enfonçait jusqu'en haut des cuisses, voire plus.
Sur la carte, j'avais choisi un autre passage qui semblait moins compliqué : obliquer dans la pente, vers l'est, tout de suite à la Baisse d'Anan. Ça grimpe fort mais après il semble y avoir un sentier qui longe les crêtes jusqu'à la baisse de Chiay.
Dans les faits, rien à voir avec ce qui semblait devoir être. Seule la montée de la cime d'Anan était vraiment très très pentue, et en plus, ce qui semble à première vue être une pente herbeuse est en fait une pente de caillasse avec de l'herbe. Les pierres roulent dès que l'on s'appuie dessus pour monter… Une fois en haut (parce qu'on y arrive quand même au bout d'un bon moment), on cherche le sentier qui est dessiné sur la carte, mais il n'y a rien du tout, pas même un vague souvenir de trace. Les sentiers qui ne sont pas empruntés régulièrement disparaissent peu à peu… Il faut donc essayer de suivre la crête qui ressemble à de la dentelle de roche. Il faut sans arrêt, monter, descendre, escalader les raidillons instables, redescendre en essayant de ne pas glisser dans le ravin qui file sur plusieurs centaines de mètres de dénivelé en forte pente. J'ai mis un temps fou pour franchir tous ces obstacles, pris des risques inconsidérés, fait quelques chutes dont une a vraiment failli mal se terminer. Et tout ça pour rien de mieux qu'en 2005. Au contraire ! J'ai mis 5 heures pour faire le parcours de la Baisse d'Anan jusqu'à la Baisse de Chiay, alors qu'en 2005, ça nous avait pris 2h30 !
A partir de là, je n'avais qu'une envie : arriver dans la Bendola, jeter le sac et m'installer pour la nuit. Mais je n'y suis pas encore. Il faut atteindre la Baisse de Pourtiguère. La petite montée avant la Baisse me pèse et je sens la fatigue de plus en plus présente. Un petit arrêt pour boire un coup. Je constate que je n'ai quasiment plus d'eau. J'espère qu'il y aura de l'eau dans le ruisseau. En juin-juillet il y en a, mais en août? Gros point d'interrogation. Si c'est comme à la bergerie, je suis mal car je ne vois pas comment bivouaquer sans eau. Impossible!
Il faut maintenant longer les pentes du Balcon de Marta en avançant comme un "dahu" avec les chevilles qui se tordent constamment. En faisant bien attention, je réussis à suivre un semblant d'esquisse de sentier en pointillé, ce qui va quand même bien m'aider pour passer aux meilleurs endroits (tout du moins, aux moins mauvais). Je m'approche maintenant du ruisseau et je tends l'oreille pour écouter si de l'eau coule. C'est quoi ça, de l'eau qui coule ou le vent dans les arbres? Je ne sais pas. Plus je m'approche, plus j'ai l'impression que c'est de l'eau, jusqu'à ce que j'aperçoive en contrebas une petite vasque et un filet d'eau. Ouf, grand soulagement !
18h30. Je suis dans le lit du ruisseau de Marta qui deviendra un peu plus bas la Bendola. J'ai mis 13 heures pour arriver ici. Mais il faut maintenant installer le bivouac avant la nuit. Je n'ai pas trop le choix de l'endroit car tout de suite après il y a un rappel à descendre et je n'ai pas envie de mettre le harnais maintenant. Je repère une dalle rocheuse, pas complètement horizontale, mais ça devrait aller pour cette nuit. Le temps est au beau et je n'ai pas trop envie d'installer la bâche pour servir d'abri. C'est risqué car le temps change vite en montagne, mais j'ai envie d'y croire (en fait je suis "un peu fatigué"…). Je sors tout le matériel et j'installe le bivouac de fortune, puis je fais un feu pour préparer un repas plus que nécessaire et qui en plus sera excellent (en particulier les pâtes à la sauce tomate). Je termine le repas à la nuit, qui commence à venir plus vite en août. Je profite du calme de la montagne en dégustant un café bien chaud. Au loin, le doux bruit des cloches des vaches que j'apprécie tant. Les étoiles commencent à scintiller dans le ciel maintenant bien sombre et à quelques dizaines de centimètres de moi, le filet d'eau joue une musique zen qui va peut-être bercer mon sommeil réparateur…
Mardi 9 août :
Rêve pour le sommeil réparateur! Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. La dalle était vraiment bien dure et en pente malgré les cordes que j'avais mises pour essayer le niveler et la combinaison néoprène qui devait atténuer la dureté de la roche. Je me suis assoupi un peu avant le lever du jour pour me réveiller vers 6h30. Un vent frisquet descend le vallon et j'ai toutes les peines du monde à sortir du duvet. A 7h30, je me décide, dans un accès d'optimisme démesuré, à m'extirper de mon couchage protecteur. Petit déjeuner, séquence caméra et il faut ensuite remballer tout le matériel et charger le sac au mieux. Tout doit être protégé de l'eau car même si nous progressons aujourd'hui dans la partie sèche, il y a quand même des vasques d'eau à traverser. Les 3 bidons étanches sont serrés à bloc et j'ajoute du ruban adhésif large pour "assurer" l'étanchéité. Je ferme consciencieusement les sacs étanches : 1 gros sac en toile épaisse, un peu vieux, mais que j'ai pris soin de renforcer. J'ai prévu de mettre dedans une des 2 cordes de 55m dont je n'aurai besoin que pour le rappel de 45m et celui de 40 m. Une corde mouillée pèse beaucoup plus lourd, donc, autant qu'une des deux reste sèche le plus longtemps possible. J'ai acheté 2 petits sacs étanches légers, en nylon; un pour y mettre la bâche car sinon elle se remplira d'eau dans tous les replis, et un autre pour mettre mon pantalon de rando, car mouillé il prendrait aussi beaucoup d'eau… Ces deux sacs me semblent bien légers mais bon, ils sont vendus comme sacs étanches donc…
10h30, je suis prêt à partir, avec un pincement au creux de l'estomac. Il est encore temps de renoncer…. Et je serais monté jusqu'ici pour "rien"? … Après une courte réunion de direction avec moi-même, nous avons décidé, à l'unanimité de continuer.
C'est parti! 20m plus loin, il faut sortir la corde pour installer le premier rappel. Pas pratique avec la corde de 55m d'équiper une verticale de 8m. En plus elle a la bonne idée de s'emmêler de partout. Ça commence bien. Espérons qu'elle se calmera plus loin… Le ciel est d'un bleu splendide et la journée s'annonce belle, mais chaude, ce qui n'est pas forcément le mieux pour traverser la partie sèche…. J'avance lentement en adoptant une progression sécurisée car les jambes sont lourdes et le sac me déséquilibre en permanence. La chaleur devient vite pesante. J'ai mis seulement le bas de la combi néoprène et un tee-shirt. Les 2 hauts que j'ai pris sont sur le sac. Première vasque à traverser, je mets le polo en néoprène de 2.5mm qui se révèlera particulièrement agréable à porter, facile à mettre et enlever; contrairement à la veste "classique" qui oblige à enlever le baudrier à chaque habillage/déshabillage, dans laquelle on a du mal à respirer et qui fait monter dangereusement la température corporelle quand on est hors de l'eau.
La première journée de progression dans le canyon se fait sans rencontrer d'eau à part quelques vasques croupies pas franchement agréables à traverser. La descente des chaos de blocs est problématique lorsqu'on est seul : il faut aller voir les différentes possibilités les unes après les autres et choisir celle qui passe (à droite, bof, je recule et j'essaye à gauche, bof, je recule, tout droit en s'enfilant sous ce gros bloc? Non plus. Finalement le moins pire c'est encore à gauche…) alors qu'à plusieurs, on se répartit les différents passages à aller voir, donc du temps gagné et de la fatigue en moins. Des passages comme cela il y en a des dizaines. En plus, il faut être sûr de son coup car si on a rappelé la corde et que ce n'est pas le bon passage, on risque de se retrouver dans une sacrée galère… sans pouvoir continuer à descendre ni remonter!
J'avance donc lentement et à 18 heures j'arrive à un petit affluent qui est un peu avant la verticale de 65m. Malheureusement, cet affluent va tout de suite se perdre sous terre. Il faut donc que je m'arrête ici si je veux avoir de l'eau pour bivouaquer. En plus, la progression dans les chaos en plein soleil m'a bien fatigué et je trébuche de plus en plus. Il est plus prudent d'arrêter pour aujourd'hui. J'aménage un petit replat dans le lit à sec du ruisseau : j'enlève les grosses pierres, je nivèle avec des plus petites, des branchages, du gravier… C'est pas terrible mais je n'ai pas le temps de faire mieux. Là aussi quand on est seul il faut s'occuper de tout, une tâche après l'autre, alors qu'à plusieurs on se les partage : préparation du sol, aller chercher du bois, démarrer le feu, faire le plein d'eau, commencer à préparer de dîner… Je termine le repas à la tombée de la nuit, comme hier. Cette fois j'ai mis la bâche car il ne faut pas tenter le diable et je n'ai pas envie de me retrouver sous la pluie en pleine nuit. Je suis content de pouvoir m'allonger mais mon "bonheur" sera de courte durée car je sens les pierres me casser le dos malgré la combi néoprène et le morceau de mousse plus symbolique qu'autre chose. Je passe la nuit à me tourner d'un côté, puis de l'autre, à glisser un peu plus à droite, puis plus à gauche, mais rien n'y fait je ne réussis pas à trouver une position acceptable qui me permette de m'endormir.
Mercredi 10 août :
Le matin, je suis cassé de partout et je ne sais pas comment je vais m'en sortir aujourd'hui et même si je vais pouvoir en sortir tout court! Quand je vois sur le GPS le peu de chemin que j'ai parcouru hier et tout ce qui me reste à faire, j'ai un coup de blues de l'enfer. J'avais prévu une journée supplémentaire, au cas où… et bien je l'ai utilisée car je sais que je ne pourrai pas faire tout ce qu'il reste en 2 jours. Il m'en faudra 3, au minimum… Aujourd'hui je ne peux pas espérer aller plus loin que la résurgence car après, il n'y a pas de possibilité de faire un bivouac correct avant le bois des Ours, c’est-à-dire à la fin de la partie verticale de la Bendola. Et je ne suis pas tout prêt de la résurgence, surtout qu'il y a encore des chaos difficiles à descendre. Bref, vous m'avez compris, je ne suis pas d'un optimisme débordant ce matin. Et encore, la journée ne fait que commencer. Le meilleur est à venir.
Comme hier, je ne réussis pas à décoller avant 10h30. Les verticales s'enchainent, très esthétiques malgré le manque de soleil qui n'arrive pas encore à éclairer le fond du canyon. Je reconnais la cascade avant la verticale de 65m. Une bonne galère pour sortir d'une vasque profonde à la sortie hyper-glissante et me voilà en haut du toboggan de 20m qui débouche sur la cascade de 45m. Il faut faire attention aux manœuvres de cordes car il faut rappeler la corde du toboggan en étant accroché sur l'amarrage de la 45 et la récupérer pour la nouer avec la deuxième de 55m afin de pouvoir descendre. Si par malheur une des 2 cordes vient à filer en bas, c'est la catastrophe. Impossible de descendre et impossible de remonter. Coincé dans la verticale de 65m! Mais tout se passe bien et j'arrive tranquillement en bas de la 45. Il faut maintenant espérer que la corde ne se bloque pas en la rappelant. Elle est toujours difficile à récupérer car elle frotte sur la roche de la cascade sur une grande longueur et il faut tirer comme une brute pour réussir à la faire coulisser (là encore c'est plus facile quand est 3 à tirer dessus). A force de tirer comme un forcené elle daigne enfin bouger et descendre sans y mettre toutefois beaucoup d'entrain. Une bonne chose de faite. Je remballe une des 2 cordes de 55m et j'attaque la descente suivante qui amène dans une vasque bien noire dans laquelle surnage un cadavre tout gonflé de rat. A tous les coups le mouvement d'eau quand je vais entrer dans la vasque va me l'amener gentiment vers moi. Hummmm très engageant. Je rentre donc le plus doucement possible dans l'eau, telle une plume, en surveillant mon ami le rat qui heureusement reste gentiment à sa place. Je rappelle délicatement la corde et traverse à la nage la vasque profonde et dont la sortie va ma poser quelques problèmes de glissade, sans aucune prise pour m'aider à m'extirper de cette soupe de rat…
Toute cette partie du canyon est très encaissée et on aperçoit seulement une étroite bande de ciel au dessus. Tellement occupé à faire attention où je pose les pieds, je n'ai pas vu que le ciel s'était couvert petit à petit. C'est un grondement lointain qui me fait comprendre que l'orage arrive. Il ne manquait plus que cela. Bientôt quelques gouttes viennent s'éclater lourdement sur les rochers. J'espère que c'est passager car s'il se met à vraiment pleuvoir c'est la galère assurée. Autant la roche sèche agrippe bien autant c'est une vraie patinoire lorsqu'elle est trempée, et avancer dans ces conditions est vraiment problématique. Malheureusement l'orage se rapproche et la pluie tombe maintenant très fort. Je suis en train de descendre un chaos bien tourmenté et j'ai des difficultés à trouver un passage correct. La pluie me met la pression et je veux essayer de trouver un coin pour m'abriter de l'orage. J'installe en vitesse (trop vite) un rappel pour descendre un gros bloc en surplomb. Arrivé en bas je rappelle la corde et en voulant continuer je m'aperçois que la suite est encore en surplomb et il n'y a rien pour accrocher la corde. Je n'aurais pas dû la rappeler et continuer pour passer le second surplomb. Aie Aie Aie, ça ne sent pas bon. Heureusement la falaise fait un semblant de porche qui me permet de m'abriter. Je vais m'arrêter là et en profiter pour manger un peu. Ca me laissera le temps de trouver une solution pour franchir ou contourner le surplomb.
L'orage est maintenant au dessus de moi et la résonnance contre les parois du canyon est impressionnante. Combien de temps faudra-t-il attendre? Mystère. En tout cas si j'arrive jusqu'à la résurgence ça sera le maximum. Hors de question d'essayer d'aller plus loin. Mais encore faut-il y arriver. C'est pas gagné.
Séquence cafard : je prends ici la vraie mesure de ma solitude. Coincé sous l'orage au milieu de rochers que je ne sais pas comment franchir, avançant lentement avec le risque permanent d'une chute qui me peut me bloquer définitivement ou pire. Qu'est-ce que je fais ici? En même temps c'est ce côté sauvage et authentique qui m'attire, et là, je suis servi. Ça passera, j'y arriverai, j'ai déjà connu pire… Quand on est à plusieurs c'est complètement différent car il y en a toujours un pour parler de quelque chose, ce qui évite aux autres de broyer du noir, enfin en général…
Après 2 bonnes heures à ruminer et plusieurs faux espoirs d'une accalmie, je me décide à repartir car la pluie s'est arrêtée et la roche n'est plus détrempée. Je trouve finalement un passage sous un bloc qui me permet de court-circuiter le surplomb sans trop de difficultés. Le ciel ne semble pas vouloir se dégager mais il ne pleut plus. Je sais qu'il me reste du chemin à faire jusqu'à la résurgence et quelques rappels à descendre dont un particulièrement pénible car l'arrivée se fait dans une vasque glissante et un gros bloc coincé empêche de sortir. Il faut réussir à l'escalader et ce n'est pas une mince affaire. Bon on n'y est pas encore…. Encore un chaos à traverser puis le premier rappel de 15m avec une grande vasque en bas. Je déballe la corde pour la passer dans l'anneau d'amarrage et là, d'un coup, la pluie tombe en trombes pendant que l'orage claque juste au dessus. Pas question de descendre dans la vasque avec l'orage. Une fois déjà j'ai pris une décharge pendant un orage dans la Bendola alors que j'avais juste le bout d'un pied dans l'eau. Alors traverser la vasque en bas, pas question. Tant pis j'attendrai. Par chance ça ne sera pas long et la pluie s'arrête aussi vite qu'elle est venue. Pas rassuré quand même, je descends la cascade et ne traîne pas dans la vasque. Un autre rappel suit, heureusement sans vasque profonde, et le rappel suivant m'amène dans la vasque redoutée avec le bloc coincé qui bloque la sortie. La crainte de l'orage me donne des ailes et finalement le bloc est passé, en force, mais je suis passé ouf! Je me repose un peu en haut, sur le bloc, avant le rappel suivant de 18m qui amène au pied d'un cirque rocheux où nous avions installé un bivouac, en 1996, surpris par un violent orage qui avait duré jusqu'à la nuit.
Je sais que je ne suis plus très loin de la résurgence, tant mieux car la pluie recommence à tomber, pas très fort, mais régulièrement, comme si elle était partie pour durer… C'est super glissant et je suis obligé d'installer des rappels dans les arbres pour franchir des passages qui se descendent "tranquillement" à sec. Juste avant le rappel qui aboutit dans la vasque au bas de la résurgence, il y a une grande dalle rocheuse inclinée très glissante quand elle est mouillée et ça promet encore de belles frayeurs. Mais par le plus heureux des hasards, j'installe un grand rappel de 25m pour éviter des gros blocs et, surprise, en bas du rappel je m'aperçois que je suis arrivé directement dans la vasque de la résurgence. Donc, pas de grande dalle glissante à traverser. Enfin une bonne nouvelle.
Le débit qui sort de sous terre est des plus modestes, mais, méfiance, car la pluie continue, il peut y avoir des surprises de taille comme cette année où le débit a été multiplié par 100 au moins en quelques minutes, après deux "coups de canons" impressionnants. Nous avons été bloqués 24 heures, chacun sur un rocher à attendre que le débit redevienne normal. Si la crue était arrivée 1 heure plus tard nous étions dans la cascade de 40m et là, c'était le drame assuré…. Brrrrrr, j'en ai encore froid dans le dos.
Un dernier rappel pour éviter une grande pente glissante et j'arrive à l'endroit du bivouac, juste en haut d'un bel enchaînement vertical de plus de 110m qui se termine par la cascade de 40. Superbe endroit pour passer la nuit si l'on fait abstraction des chutes de pierres, car avec la pluie, le ravinement fait descendre des cailloux à tout moment, plus ou moins nombreux et plus ou moins gros. Ah mais quelle idée de venir là devez-vous penser….
Il est 17h30 mais je ne vais pas aller plus loin car après, plus de bivouac possible avant le bois des Ours. J'ai le temps d'aménager le bivouac au mieux pour espérer passer une bonne nuit (on peut rêver non?). Je dégage toutes les pierres en nivelle un beau plat avec du gravier fin, installe la cordelette qui va servir de support pour la bâche que je fixe ensuite avec les grosses pierres.
Je peux maintenant enfiler des vêtements secs et poser la combinaison néoprène au sol, le morceau de mousse par dessus, et enfin la couverture de survie qui va m'isoler de l'humidité (elle est tout de même un peu trop fine et le froid passe quand même à travers). Je mettrai le duvet et le sursac juste avant de me coucher pour éviter qu'ils ne prennent l'humidité.
Corvée de bois : Il faut chercher du bois sec sous les rochers pour qu'il puisse brûler parce que celui qui est à découvert est complétement trempé.
Je prépare ensuite un foyer avec des pierres plates et prépare du petit bois pour démarrer le feu et faire chauffer une gamelle d'eau.
La pluie a cessé de tomber depuis un moment et la brume commence à occuper le vallon, renforçant encore le côté sauvage du site. C'est vraiment grandiose et je me sens tout petit, perdu au fond de cette entaille de près de 1000m dans la montagne calcaire. En dessous, le ruisseau tombe en une succession de cascades qu'il faudra franchir demain matin.
Une bonne soupe bien chaude me réchauffe car l'humidité me refroidit rapidement, d'autant plus que la température ne doit pas être très élevée. Je remplis le sachet du plat lyophilisé d'eau chaude et patiente 10 minutes avant de pouvoir le déguster. La nuit descend doucement sur la Bendola. Cela fait maintenant 3 jours que je suis parti et je pense à la journée de demain qui va être très longue et difficile. Espérons que le temps sera correct, et si en plus si il y avait du soleil, ça serait magnifique…
Après un dernier café je vais me coucher car le froid commence à se faire bien sentir et je serai mieux allongé. Je sors le duvet et me glisse à l'intérieur, puis je m'enfile dans le sursac de survie. Je sens très vite la température devenir agréable. Ah si je pouvais réussir à dormir cette nuit, ce serait vraiment formidable…
La fatigue est là, le bivouac a l'air relativement confortable…. et pourtant je ne réussis pas à m'endormir. Au bout d'un moment le sol me semble vraiment de plus en plus dur (ou peut-être est-ce moi qui suis plus "délicat") et je n'arrive pas à trouver une bonne position. En plus les chutes de pierres çà et là n'incitent pas à la décontraction car je suis toujours aux aguets. La lueur du jour commence à éclaircir un peu l'environnement et je me rends compte que le brouillard est à peine à quelques mètres au-dessus de moi. Peu de temps après, j'entends quelques gouttes sur la bâche puis la pluie, la vraie…. Là, je n'ai plus le moral du tout. Si je dois tout remballer sous la pluie, ça promet! C'est dans des moments comme celui-là qu'on regrette vraiment de s'être mis dans une galère pareille. Mais bon, ça ne sert à rien de se lamenter. IL faudra quand même repartir et sortir du canyon.
Il fait jour maintenant. Je regarde ma montre : presque 7h. La pluie s'arrête et le brouillard se lève chassé par un vent frisquet qui descend le vallon. Si seulement il virait aussi les nuages! Difficile de sortir du duvet. J'enfile le poncho de survie pour me donner du courage et qui va couper un peu le froid du vent. Après un petit déjeuner revigorant, je démonte le bivouac et commence le rangement quotidien. Je dois essayer de partir tôt car j'ai beaucoup de chemin à faire aujourd'hui. Je vais peut-être réussir à partir avant 10h pour une fois.
Et bien non ! Depuis un moment il me semblait entendre des voix mais c'est souvent le cas avec le bruit de l'eau. Mais ça se précise. Effectivement, ce sont bien des voix, et j'ai presque fini de tout remballer quand je vois débouler 5 canyonistes poussant des cris de partout… Vive le calme de la nature…
Ils sont surpris de me voir (évidemment je ne fais pas de bruit…). On discute un peu. Ils se sont faits un défi : faire la Bendola en 10 heures ! Sacré défi. Tout frais descendus de la voiture avec des micro-sacs. Quand ils se rendent compte que je suis tout seul, ils n'en reviennent pas. Tout porter tout seul ! Et quand je leur dit que je suis monté à pied depuis Saorge… ils n'en croient pas leurs oreilles et plus un ne dit un mot. Ils ont l'air estomaqué. J'essaye de leur faire comprendre que c'est dommage de venir ici pour courir et ne rien voir mais j'ai l'impression de parler une langue étrangère qui leur est incompréhensible. Ils ne voient pas de quoi je parle… Ils repartent, en 4ème vitesse bien sûr, et du coup je pars à … 10h30… (c'est mon destin apparemment).
Dernier coup d'œil pour voir si je n'ai rien oublié et c'est parti. Désescalade, rappel de 10m, escalade glissante et difficile, cascade de 25m avec départ surplombant et arrivée dans une vasque qui finit de réveiller, équipement et descente du toboggan-cascade de 20m et traversée de la grande vasque limpide qui surplombe la superbe cascade de 40m. Le temps semble vouloir s'arranger et c'est tant mieux. Je sors la deuxième corde de 55m pour équiper la cascade et je commence la descente en appréciant la vue sur la grande vasque profonde du bas. Je fais attention de bien suivre le passage de l'eau pour éviter le frottement de la corde contre un angle de roche particulièrement aiguisé. Deux années de suite la corde avait été fortement endommagée et un des brins avait même été partiellement cisaillé, ce qui aurait pu provoquer un grave accident.
Je traverse la grande vasque en remorquant la corde avec moi pour pouvoir la tirer en pouvant prendre appui sur un rocher car le rappel, comme dans la cascade de 45m est quelques fois problématique. Mais aujourd'hui ça va, la corde défile petit à petit et de plus en plus facilement au fur et à mesure qu'il y a moins de longueur qui frotte contre la roche. Les cordes sont lovées et remballées et je continue la progression dans la rivière : cascades à descendre, biefs à traverser à la nage, descente d'éboulis, marche en rivière. J'arrive à la vasque en cœur qui marque la fin de la partie verticale. A partir de maintenant, plus besoin de sortir les corde, mais il faut quand même les porter et même les supporter car elles ne servent plus à rien si ce n'est qu'à alourdir la charge à porter, même si c'est vrai que je m'y suis, maintenant, presque habitué. La progression va être essentiellement de la marche en rivière et de la nage pour traverser les biefs encaissés. C'est une très longue partie qui commence mais avec des passages très esthétiques et parfois extrêmement sauvages dans des resserrements qui ne dépassent par endroits un mètre de large. On ose à peine imaginer ce que donnerait une vague de crue dans des endroits pareils…. Je marche jusqu'à environ 19 heures mais je n'arriverai pas à atteindre le bivouac du "Requin" qui doit encore être très loin. Je m'arrête dans un coin qui se prête bien aux bivouacs, avec des terrasses de graviers séparées de la rivière par une barre rocheuse qui servira de muret contre lequel je pourrai me caler. Le ciel est bien dégagé, bien bleu mais la nuit ne va pas tarder à arriver. J'installe quand même la bâche après avoir étendu de petit gravier pour faire un couchage bien plat et sans cailloux. Tout est prêt relativement vite et je cherche du bois pour préparer un feu avant la nuit. Je termine de dîner quand la nuit a fini de s'installer tout autour de moi et je profite de la lumière et de la chaleur du feu réconfortant. Malgré la fatigue je suis bien et pas trop cassé par les obstacles de la journée. Normalement, ce 4ème bivouac sera le dernier dans la Bendola, mais je ne suis pas encore sorti et demain sera une très longue journée car il reste encore beaucoup de distance à parcourir.
Je me couche vers 22h et, comme les autres soirs, j'espère réussir à dormir, au moins quelques heures. L'endroit et plutôt bien et le bivouac est bien installé. Il ne reste plus qu'à….
Vendredi 12 août :
….attendre le lever du jour… car une fois de plus je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Décidemment je me fais vieux car je n'ai pas réussi à trouver une position dans laquelle la dureté du sol était supportable.
6h30, je me lèverais bien pour essayer de partir tôt, mais…mais… toujours de vent frais du matin qui descend le canyon et incite à rester calfeutré dans le duvet.
7h30, il faut que je me lève, car la route est longue, mais ça risque d'être difficile après une nuit de plus à compter les moutons.
Pourtant je me lève sans problème, sans même la moindre courbature, alors qu'en règle générale, après plusieurs jours et surtout plusieurs nuits à même le sol on est complétement courbaturé en se levant. Mystère, mais tant mieux, c'est préférable.
Petit déjeuner, séquence caméra du matin et le rangement peut commencer. Je décolle un peu avant 10 heures. Le rythme est toujours lent mais il faut faire attention car la progression est très glissante et pas la peine de risquer une entorse car je dois absolument sortir du canyon aujourd'hui. J'ai épuisé mon crédit temps et je dois sortir ce soir au plus tard sous peine de déclencher les secours (j'ai dit à Virginie vendredi minuit maxi…). Heureusement le temps est magnifique : ciel bleu uniforme (tout du moins la bande de ciel que je vois). La température de l'eau est agréable. J'avais mis le haut de la néoprène en partant mais je l'ai très vite échangé avec le polo en néoprène qui est bien plus supportable pour avancer. Je prends mon temps pour faire des prises de vues car la Bendola est toujours aussi belle, surtout sous le soleil, c'est magique. 3 heures après mon départ j'arrive au bivouac du "Requin". Ça aurait vraiment fait trop loin pour y arriver hier.
Arrêt vers 15 heures pour un casse-croûte indispensable. Le ciel est toujours bleu.
17 heures, j'arrive au pont de la Baragne, 1er signe de civilisation. En principe, sans être chargé, il faut compter 3 heures pour aller de ce pont jusqu'au pont du Castou, sortie du canyon. Mais là il va me falloir au moins 4 heures et compte tenu de l'encaissement du canyon, il fera quasiment nuit dans 2heures donc impossible de voir où poser les pieds sur les rochers super glissants. Ensuite il faut compter environ 1h30 sur la piste jusqu'en bas de Saorge et 1/2h à 3/4h jusqu'au camion. Ce qui m'amène au minimum à 23heures avant de pouvoir téléphoner. C'est un peu juste. Je décide donc de sortir ici. Il faut compter environ 3/4h pour rejoindre le pont du Castou. C'est plus prudent et comme je suis quelqu'un de prudent ;-)…..
A contrecœur je me change et à 18 heures je m'engage sur le sentier très pentu qui va me conduire en quelques dizaines de minutes au pont de Castou puis commence le désagréable retour sur la piste poussiéreuse qui va me ramener à Saorge et à la civilisation. Même si je suis soulagé d'avoir réussi ce périple risqué, je n'avais pas envie de quitter la Bendola comme cela avec un sentiment d'inachevé car la partie basse du canyon est de toute beauté. Je reviendrai de toute façon avant mon départ des Alpes Maritimes car il faut que je fasse des prises de vues de la partie basse.
J'ai sorti mon téléphone depuis le pont du Castou pour prévenir au plus vite de la sortie mais, pas de réseau… Je regarde régulièrement mais rien! Je vois la Madone de Poggio, au bas du village et maintenant ça devrait passer mais toujours le néant. Bizarre. Je rejoins enfin route qui descend du village et je continue à descendre vers la Roya où doit m'attendre le camping-car. Je croise les doigts pour qu'il soit encore là et qu'il n'a pas été "visité". Toujours pas de réseau? Ça m'inquiète. J'ai déjà arrêté plusieurs fois le téléphone mais c'est toujours pareil. J'ai peur qu'il ait pris un peu trop l'humidité.
J'arrive enfin au camion et visiblement il n'y a pas de problème. Je range en vitesse les affaires car il faut que je capte du réseau car il est déjà tard. Je décide d'aller jusqu'à Breil. Là je suis sûr d'avoir du réseau. Je traverse le bourg l'œil rivé au téléphone mais toujours rien. Sorti de Breil je cherche à faire demi-tour pour me garer et trouver une cabine téléphonique (il y en a encore dans le sud mais je ne sais pas si elles sont toujours en service). D'un coup je vois les barrettes de niveau de réseau au maximum. Ouf! Je m'arrête et téléphone tout de suite pour appeler Virginie. Elle est contente de m'entendre car elle s'inquiétait et elle m'apprend en même temps qu'il y a eu une grosse panne de réseau une bonne partie de la journée… Quelle chance que ce soit réparé avant minuit….
Voilà. L'aventure est terminée, sans aucun problème et ça, c'est quand même étonnant.
Quelques jours plus tard, par un temps magnifique, j'ai retrouvé avec grand plaisir la Bendola et, presque à vide c'était un vrai régal d'admirer cette rivière exceptionnelle, et de retrouver l'ambiance mystérieuse des grands biefs encaissés.
Depuis je pense souvent à ce séjour au cœur de la montagne qui restera un des plus marquants que j'ai connu dans ce canyon.