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05 XT - François, Emilie et Denis (conte philosophique)

  • Thématique Culturel
  • Mis à jour le 14/04/2021
  • Identifiant 382188
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Autre
Echelle  
durée / niveau
Rando pédestre
03h30 - Facile
distance
9,1 km
type parcours
Boucle
altitude
597 m 238 m 482 m -238 m
Voir le profil altimétrique »
Lieu de départ
88220 Xertigny
accessibilite
prestations payantes
Non
type(s) de sol
Bitume
Graviers
Terre
Herbe
Mots clés
source, point_de_vue, granges_Richard, Sainte_Valburge, XVIII°, XVIII_Siècle, Siècle_des_lumières, Diderot, Emilie_du_Chatelet, Stanislas, Lunéville, Cirey_sur_Blaise, Fleurot, Victoire_Adélaïde, Boubot, Colporteur, Clergé, Tiers_état, Petit_peuple, Langres, Louis_XV, Newton, E=MV²

Photos & vidéos (3)

description

Nous proposons ici une randonnée découverte qui consiste à illustrer une période de notre histoire en commentant ce parcours du circuit 05 intitulé "Les Granges Richard" et qui passe par un joli point de vue de Xertigny. L’idée consiste à doubler la dimension géographique de ce panorama d’une perspective qui nous donne du recul sur notre époque. C’est se donner le moyen de projeter le regard dans des directions qui portent du sens même si tout regard est inévitablement subjectif. Prendre de la distance sur les mouvements de l’histoire et profiter d’une lumière toujours changeante. La période choisie est justement celle des lumières. Que s’est-il passé en France, en Lorraine et à Xertigny pendant ce siècle de transition ? Plombières est une station thermale très prisée par l’aristocratie de l’époque et que l’on vienne de Paris, que l'on fasse étape au château de Lunéville, on passera inévitablement par Epinal et bien certainement Xertigny. Cette promenade joue à mettre ce siècle des lumières en relation avec le paysage et les questionnements de notre époque. Elle suit le parcours N° 05 intitulé « Les Granges Richard » dans le sens antihoraire au départ de la place du champ de foire. Elle est décrite ici pour être pratiquée de façon autonome, seul ou en groupe mais nous souhaitons plutôt en faire des sorties animées par un guide. Nous attirons l’attention sur le caractère amateur de ce texte. Il ne fait aucunement référence en matière historique, philosophique ou scientifique. Il est à considérer comme une proposition de réflexion dans le temps limité d’une promenade de quelques heures. Pratiqué collectivement, il constitue une occasion d’échanger sur nos connaissances, sur notre vision du monde et sur l’actualité de notre temps. Le 18° siècle peut-être mis en parallèle avec le nôtre sur le contexte de la transition et du changement, c’est le thème support de cette promenade. Les personnes qui souhaiteraient apporter un commentaire sur ce texte sont invitées à le faire sur la page du site IGNrando de ce parcours.

suivi de ce projet

La destination de ce texte et de ses voisins et d'en faire des randonnées animées. Pour connaître la poursuite de ce projet et ses évolutions pensez à créer un compte (gratuit) et à vous abonner à la communauté IGN Rando "Xertigny en Transitions". Vous y trouverez également la liste des points d'intérêt du territoire et toujours proches de l'un ou l'autre des 15 sentiers de randonnée du Xertigny Tour.

infos parcours (7)

1

Arboretum du Château - Un colporteur présente la rando

Mesdames et Messieurs je vous salue, je suis Joseph de mon petit nom et Bour'ibot par ma famille de chamagnons. Colporteurs de père en fils nous parcourons hameaux et villages où l’on attend le Bour'ibot pour ses couteaux, ses images et ses tarots. Quand je passe ici c’est en bonimenteur et bienfaiteur. Je vous apporte tout ce qui vous manque ; j’ai de quoi satisfaire la ménagère, le chef de famille, le curé et sa bonne, j’ai des outils pour la cuisine et l’écurie, les articles pour la prière et pour l’église. J’ai de beaux couteaux du Bassigny, de la dentelle de Mirecourt, des images pieuses et des poudres d’orient, des onguents pour la peau et des filtres pour l’amour. Et n’oubliez pas la célèbre toile souveraine qui guérit de tout. Approchez approchez !... Tout ce qui est dans ma hotte est payant, tout ce que je vous raconte est gratuit. Je vous apporte les nouvelles de notre grand pays. Si je me présente ainsi, c’est autant pour plaire à Maurice qu’à Fernande.
Aujourd’hui je n’ai rien à vous vendre. Je vous emmène sur les chemins du changement ; les paysages changent sur le fil des saisons, les hommes changent sur celui des époques. Ma vie fut bien longue entre les années 1700 et 1800 ; je suis souvent passé par ici et en quelque sorte mon cœur y est resté. A votre époque vous êtes tous allés à l’école et on vous a appris l’histoire de France, celle de la Lorraine un peu moins, mais celle de Xertigny pas du tout. Mais moi je suis beaucoup passé par ici et j’ai bien vu de mon vivant que l’histoire d’ici elle a bien existé !... En vous racontant ma vie de traîne-sabots on va rencontrer trois ou quatre personnes un peu farfelues. De mon temps certains esprits semaient de drôles d’idées, des comportements à l’envers de tout, des traditions et du bon sens et c’est ce que nous allons explorer. Peut-être que vous à votre époque vous êtes aussi dans une étape de changement que vous auriez du mal à attraper dans vot’tête et ben si mon bavardage peut vous aider à y voir plus clair n’hésitez pas à “liker„ une petite fleur sur cette page.
Informations complémentaires

88220 Xertigny
kilomètre 0,14
latitude 48.0441
altitude 492 m
longitude 6.40377
2

Sainte Walburge - Le contexte d'une époque

Je ne passe jamais dans la région sans faire une petite pause ici. C’est un lieu béni depuis mille ans, depuis que sainte Walburge y a créé cette fontaine et a fondé la communauté villageoise qui se trouve juste en dessous. Vous pouvez d’ailleurs rencontrer mon ami Edwin qui conte son aventure avec Walburge 1000 ans avant moi sur le circuit 14. Je me dis toujours que ce personnage qui est passé par ici en évangélisateur pour rejoindre l’Allemagne en arrivant d’Angleterre ne peut que me faire du bien. Surtout qu’elle semait des miracles ici et là. Ah, si elle pouvait changer mes vieux sabots !... Mille ans, vous vous rendez compte ? Avant qu’elle passe ici on avait encore un dieu pour chaque chose de la vie, pour chaque saison, pour le blé, pour les animaux, pour la pluie, pour l'amour et la fécondité …. Et en plus, on n'avait pas tous les mêmes d’un pays à l’autre. Mais grâce soit rendue à cette sainte dame, on n’en a plus qu’un et c’est beaucoup plus simple !...
Bon mais un millénaire, ça fait déjà et grâce à notre mère l’église nos prières vont toutes dans le même sens et au moins, on sait que si la vie est dure ici bas, on peut gagner son paradis pour l’éternité et c’est pas rien ma foi !... Heureusement qu’elle est là notre sainte église, regardez lorsqu'il y a quelques années, Louis le XV° s’est retrouvé Roi de France à cinq ans, heureusement qu’elle était là pour le conseiller et ne pas laisser son royaume aux caprices d’un enfant…. Pour nous, gens du petit peuple, c’est simple, l’église elle nous donne le sens de notre vie entre Adam et Ève, nos lointains parents, et le paradis que nous devons gagner…
Pour nous protéger nous avons l’état et la noblesse qui administrent le territoire et nous sommes tous les sujets de notre Duc…mais bientôt du Roi de France à qui nous avons été vendus. Voilà où nous en sommes en cette période et les personnages que nous allons croiser sur la suite de notre parcours vont nous montrer comment et pourquoi l’ordre établi d’une société à peu près millénaire va peu à peu partir en quenouille…
Informations complémentaires

88220 Xertigny
kilomètre 0,71
latitude 48.0407
altitude 541 m
longitude 6.40249
3

Vierge des Neiges - La rencontre de François

L’autre jour, je trouve une belle voiture arrêtée ici juste en bas. Le cocher était en discussion assez vive avec son jeune maître lequel m’apercevant m’interpelle « Eh, mon bon monsieur, dites moi dans tous ces chemins lequel mène à Plombières !... » qui me dit… « Eh !... que je lui réponds je ne suis qu’un pauvre marchand qui use ses sabots pour trouver de quoi nourrir sa famille permettez moi de monter à l’arrière de votre voiture et je vous conduis jusque Bellefontaine, de là vous serez sur la bonne route parce que ici vous n’y êtes pas du tout!... » « Ah, qu’il me dit, attachez-donc votre hotte derrière ma berline et venez vous asseoir avec moi dans la voiture vous me direz votre vie. » Je l’ai volontairement reconduit au carrefour du Priolet là où il s’était trompé de chemin et juste devant l’auberge des “six fesses„. Du coup, comme l’heure était avancée et que nous n’étions pas à Bellefontaine il m’a invité à partager un repas et nous avons repris la route. Finalement c’est lui qui m’a raconté sa vie. Il m’a tellement pris les esprits que nous sommes arrivés à Plombières sans que je m’en rende vraiment compte. « Ah Ben que j’lui dis une fois à l’entrée de Plombières vous m’avez fait fort préjudice le village de Bellefontaine ne me verra pas cette fois !.. ». « Qu’à cela ne tienne, me dit-il entrons dans cette auberge je vous invite pour cette soirée. » Ce que m’a raconté ce Monsieur pendant une journée entière m’a bouleversé. Il parlait le grand langage mais je comprenais tout, son discours était éblouissant. Il me faisait voir le monde, la vie d’une autre manière. Ce qu'il m'a dit c'est qu’il s'appelait François Marie Arouet et il était le fils d'un notaire à Paris, le beau monde quoi !... Intelligent et très bien instruit qu'il était, son père voulait qu'il devienne notaire derrière lui pour reprendre la charge. Et ben mon Francois, qui m'a dit, il a refusé si c'est pas incroyable. Lui, ce qu’il voulait, c'est écrire mais pas des écritures de notaire. Il voulait jouer avec les mots, écrire le monde, présenter ses incohérences, construire des idées et … jouer la comédie devant la noblesse. Moi je sais pas comment on peut construire des idées mais à Paris c'est pas comme à Chamagne, les dames de la noblesse, elles tiennent salon qui disent, c'est un peu comme les coyrôges des femmes de nos villages quand elles se regroupent en hiver pour tricoter ou broder et se raconter les potins du village. Mais dans la noblesse, c'est pas pareil, c'est du grandiose on y cause de la cour du Roy, des nouvelles découvertes. Je sais pas où ça nous amènera tout ça… tenez il parait qu'y font des expériences sur le feu sur l'eau, ils discutent de choses que je comprends même pas ; la raison, la philosophie… Ils prétendent qu’on a tous un cerveau et qu’on peut penser par nous-mêmes, mais quand j’en ai parlé plus tard au curé de Chamagne y m’a dit que ces gens là vont nous mener tout droit aux enfers. A cette époque à Paris qui me disait, l’appétit pour les connaissances nouvelles est énorme. Donc notre François, il s'est introduit dans ce grand monde et il y a fait merveille. Son beau parlé, sa magie des mots que j'ai bien sentie, elle plaisait beaucoup aux femmes jusqu'au jour où ça a pas plu à un comte qui s'est trouvé jaloux de son pouvoir de séduction. Ça a fini par une provocation en duel et comme il écrivait beaucoup trop d’idées nouvelles le Roy l’a exilé en Angleterre. “Brexit qui lui ont dit !...„ Figurez vous qu’il a saisi cette punition comme une chance, il a pu écrire de nouvelles lettres sur la société anglaise qu’il trouvait plus ouverte aux idées nouvelles et puis il a rencontré monsieur Newton qui faisait de la mathématique. Il comparait le mouvement d’une pomme qui se décroche de la branche avec celui des astres, il calculait l’attirance des corps. Je lui ai dit que je comprenais pas bien tout ça et il m’a expliqué qu’il était en train d’écrire un livre pour que tout le monde comprenne cette théorie. Si on a un cerveau c’est pour réfléchir et si on a des mots c’est pour les utiliser qui disait, alors je vois pas pourquoi chacun ne pourrait pas se faire sa propre idée du monde et de la vie….
Informations complémentaires

88220 Xertigny
kilomètre 1,26
latitude 48.0375
altitude 571 m
longitude 6.39857
4

Croix du Boubot - Une rencontre inattendue

Appréciez Mesdames et Messieurs ce paysage magnifique, cet endroit toujours lumineux mais jamais de la même façon !... nous sommes au siècle que mes descendants appelleront le siècle des lumières et on ne peut trouver meilleur endroit pour l’exprimer pour l’écrire dans le paysage. Tenez, réglez votre boussole à 288°, il y a le château de Cirey sur Blaise à 28 lieues, un peu plus vers le sud à 257° à 20 lieues d'ici, il y a Langres et le coutelier qui me fabrique de beaux couteaux, tournez-vous maintenant dans la direction des 7°, un tout petit peu à l'est du Nord vous êtes à Lunéville, 15 lieues. Nous sommes “pile poil„ au centre de ces trois endroits, c'est exactement un milieu du monde des lumières. Sur la route de Xertigny à la vallée industrieuse de Semouse, sur la route de Lunéville à Plombières très fréquentée des aristocrates, même de ceux qui viennent de l’étranger de Paris ou d’Anvers, sur la route, la mienne, entre Lunéville et Langres dont je connais le moindre village.
Un jour que je cheminais vers le Val d’Ajol, je me suis tordu la cheville sur un chemin rendu boueux par plusieurs jours de pluie. Mon pied a glissé sur une pierre cachée sous cette soupe de terre et ma cheville n’a pas réussi à me rattraper. Avec la charge que j’ai sur le dos ça n’a pas fait un pli; entorse et panne immédiate. Un voiturier qui passait par là avec sa charge de charbon de bois m’a mis avec mon magasin sur sa charrette et m’a conduit à ma destination du jour, dans la vallée de Semouse, où ma sœur est femme de maison chez un maître de forges. Elle m’a alors parlé de Fleurot, ce rebouteur très réputé du Val d’Ajol, qui passe régulièrement à Plombières pour y donner des soins. Les Fleurot étaient une famille qui se transmettait des connaissances médicales de père en fils depuis plus d’un siècle et ils étaient connus dans toute la région. Moqués par le corps médical officiel avec leur allure de paysans, ils étaient cependant appelés bien au-delà du territoire, on les faisait chercher parfois par une voiture spéciale depuis Dijon ou Paris. D’une gentillesse et d’une simplicité extrêmes, Ils m’ont gardé quelques jours chez eux, le temps que mes ligaments se solidifient et j’ai pu observer avec quel sérieux et quelle modestie ils pratiquaient leur art. Tout en racontant comment ces connaissances leur avait été confiées par un soigneur hongrois de passage dans la région lors de la guerre de trente ans, ils me montrèrent les quelques rares outils dont ils se servaient pour leurs manipulations. Comme j’avais des contacts réguliers en Franche Comté, je leur ai parlé de ces artisans du Bassigny qui faisaient eux des miracles en travaillant les métaux, et c’est comme ça que j’ai commencé à transmettre des croquis entre les médecins et les forgerons.
Ces gens m’ont appris la sagesse, la sobriété et l’humilité lorsque je suis sorti de chez eux je n’étais plus le même… ça m’a fait penser à François… p’têt qu’il a raison, le monde peut peut-être évoluer avec moins de misères …. Peut-être qu’en attendant notre vie au paradis, de nouvelles découvertes peuvent améliorer notre vie sur terre ….
Informations complémentaires

88220 Xertigny
kilomètre 2,35
latitude 48.0324
altitude 591 m
longitude 6.38949
5

Le Bozet - Emilie et la formule de Newton

Lorsque j’avais rencontré François en 1729 je lui avais dit que j’étais toujours sur Xertigny pour la saint Roméo le 25 février qui est aussi le jour de Ste Walburge. C’est donc un 25 février que je montais la côte des “terres vidées„ pour aller prier ma protectrice. Une voiture de coche s’arrête derrière moi et j’entends me demander “Eh, mon bon monsieur pouvez vous m’indiquer la route de Plombières par les six fesses ?„.... 25 ans plus tard je reconnaissais cette voix qui m’avait tant ému. Notre Francois, je ne l’appelais pas encore Voltaire par respect pour mon curé à Chamagne, il m’avait retrouvé ! J’en ai encore les larmes aux yeux… Il sortait d’un long séjour chez Dom Calmet, le célèbre abbé de Senones et se rendait aux eaux. Il avait un panier bien garni par les moines et il me proposa de le partager dans un endroit agréable, à l’écart de la route, et nous nous sommes arrêtés ici. Il m’a raconté ces 25 années extraordinaires qu’il avait vécu depuis notre première rencontre. Je n’ai pas retenu tout son récit parce que je comprends pas tout mais c’est son histoire d’amour avec Émilie qui m’a le plus marqué. Parmi les salons que fréquentait Voltaire à Paris, même avant notre première rencontre, il y avait surtout celui de la Duchesse du Maine. Elle était en guerre contre le pouvoir car son mari s’était fait souffler la place que lui réservait pourtant Louis XIV dans son testament. Dans ce salon on trouvait la famille Tonnelier de Breteuil, une grande famille très cultivée et qui avait choisi d’élever leur fille Emilie avec la même éducation que leurs garçons (ce qui est exceptionnel à l’époque). Emilie s’était révélée très douée pour les études et elle participait depuis toute jeune à ces salons où l’on parlait du pouvoir, des philosophes antiques, de sciences et d’idées nouvelles. Adolescente elle pratiquait déjà cinq langues dont le latin et le grec et elle s’intéressait à toutes les recherches mathématiques et scientifiques. De retour en France après son exil, Voltaire, nullement calmé, fréquente à nouveau les salons parisiens et continue d’égratigner le pouvoir et les domaines réservés au clergé. Il fait à nouveau des séjours en prison et fini, pour échapper aux poursuites du roi, par se réfugier au château de Cirey sur Blaise en Haute Marne. Ce domaine, c’est chez Émilie qui est maintenant mariée à un marquis de petite noblesse et qui est néanmoins devenue sa grande amie et… sa maîtresse. Cirey est une résidence pratique que tous les plus de 40 ans ici présents connaissent. Elle est proche de la frontière ainsi Voltaire peut passer à l’étranger rapidement lorsqu’il se sait poursuivi par les soldats du roi. De l’autre côté c’est la Lorraine qui est un duché en transition. Encore indépendant, il est tenu par le beau père du roi mais déjà administré par la France. Le Duc, Stanislas de Leszczynski n’a donc rien à gérer d’autre que ses loisirs et à faire plaisir à son peuple et à son entourage proche. Voltaire qui y passera plusieurs fois, comparera cette cour à celle de Versailles… Emilie, très amoureuse de Voltaire, travaille beaucoup. Elle rédige un mémoire sur la nature du feu et sa propagation et bien sûr elle s’empare des Principia de Newton. Elle contacte d’autres physiciens pour vérifier certains points et en déduit une synthèse améliorée et compréhensible car c’est en même temps une bonne pédagogue et vulgarisatrice. Eh oui, je saurais pas bien vous expliquer, mais il paraît que Monsieur Newton avait mis toute sa recherche dans cette formule mystérieuse E=mv, mais d’autres physiciens pensaient que c’était intéressant mais pas juste. C’est donc Emilie qui a mis tout le monde d’accord en publiant la formule définitive E=mv2 sur laquelle un certain Einstein s’appuiera 150 ans plus tard pour de nouvelles avancées de la science. Il fallait, m’expliqua-t-il, mettre la vitesse au carré, mais bon moi je suis colporteur et je crois que mon ami ne comprenait pas très bien non plus ce carré de la vitesse…. Il était content de pouvoir partager tout ça avec moi. Comme Emilie était à la fois très coquette et très scientifique qu’il me disait, il l’appelait tout le temps “Miss Pompon Newton„
Le couple fait plusieurs séjours à Lunéville. Or il se trouve qu’un charmant poète de cette cour, le marquis de St Lambert met un point final à cette belle histoire d’amour. Il est beaucoup plus jeune que Voltaire et finit par séduire Emilie toujours aussi pétillante. Voltaire beaucoup plus vieux accepte, dépité, cette autre équation, celle de l’âge et il reste un grand ami d’Emilie. Emilie très éprise de St Lambert finit par tomber enceinte à 42 ans. Elle sent là un risque important, se hâte de finir sa traduction des Principia de Newton et meurt quelques jours après l’accouchement d’une petite fille…. C’est quelques mois après ce drame que je rencontrais Voltaire pour la seconde fois et il était heureux de partager un repas avec moi et de me confier un peu de sa tristesse. Une si grande dame pour une si courte vie….
Informations complémentaires

88220 Xertigny
kilomètre 3,40
latitude 48.0239
altitude 550 m
longitude 6.38424
6

Etang des Noëls - Le Père à Denis

Assurant régulièrement des déplacements jusque Langres, je bénéficiais souvent du transport des charretiers de Thierry de Fontenoy qui descendaient vers la Bourgogne avec des tonneaux de fer blanc produits dans les manufactures de Semouse et la toute nouvelle de Bains.
A Langres j'étais en contact avec un bon coutelier et comme les Fleurot avaient besoin d'outils spéciaux pour redresser les membres tordus. je servais d'intermédiaire et j'en profitais pour me réapprovisionner en couteaux au bénéfice de mon commerce autour de la cour de Lunéville.
Un jour que j’arrivais chez mon coutelier à Langres, le pauvre homme était dans tous ses états. Il venait de recevoir de mauvaises nouvelles de son fils à Paris et il m’a confié son désespoir à propos de cet enfant.
Il avait tout fait pour qu’il devienne chanoine au chapitre de Langres. Il l’avait mis à l’école chez les jésuites ce qui lui avait coûté une fortune. Son fils avait bien profité de cet enseignement mais alors qu’il était presque au terme de ses études il s’était enfui à Paris choisissant de vivre un autre destin et de renoncer à la place en or qui lui était préparée. Qu’est- ce qu’il voulait faire à Paris ? Rassembler toutes les connaissances scientifiques et philosophiques du moment et les consigner dans une série d’ouvrages de presse. Rien de tel ne s’est jamais fait, ce n’est pas autorisé par le pouvoir, tant royal qu’ecclésiastique qui s’oppose à cette démarche. Ce fils têtu s’obstine à poursuivre ce projet bravant tous les obstacles qu’on lui oppose, toutes les défections de ses associés et le manque de finances. Au point que l’impératrice de Russie qui s’intéresse à cette démarche française originale lui rachète sa bibliothèque en viager pour lui permettre de survivre…
Les découvertes comme celle-ci ont fleuri pendant cette période et c’est en partie ce que Denis Diderot cherchait à consigner dans son Encyclopédie.

Depuis deux siècles de connaissance de l’imprimerie et donc de possibilité de diffuser le savoir, on a le droit de n’imprimer que des bibles ou des documents validés par le pouvoir royal qui était “coaché„ comme on dirait aujourd’hui, par une sommité ecclésiastique (le cardinal de Fleury en l’occurrence). La confiscation du savoir limite considérablement la possibilité de développer de nouvelles techniques, de nouveaux procédés, de nouvelles recherches. La société est prête car les esprits évoluent depuis la renaissance, 200 ans plus tôt. Mais le couvercle de la cocote minute est maintenu fermé par la noblesse et le clergé qui ne voient pas l’intérêt pour eux d’un changement.
Ces esprits qui évoluent ne sont pas ceux de la paysannerie, bien trop occupée à sa propre survie, mais ceux de la bourgeoisie qui n’a aucun privilège. Peu à peu, ils remettent en cause le fonctionnement de la société face à ce déferlement de nouvelles connaissances. Les salons que tiennent les femmes de la haute bourgeoisie sont des barils de poudre pour le pouvoir en place…
Informations complémentaires

88220 Xertigny
kilomètre 5,93
latitude 48.0314
altitude 552 m
longitude 6.40018
7

Au Priolet - Les cycles du temps

Nous arrivons au terme de cette randonnée. Souvenez vous… lorsque je vous ai demandé d’avancer jusqu’au pylône qui se trouve maintenant en face de nous, je suis allé me recueillir sur La Croix qui se trouvait un peu à côté. Eh bien, c’est à cet endroit que s’est arrêté mon parcours. Comme je faisais toujours un écart pour faire une petite prière à Walburge, un gredin qui connaissait mon trajet est allé se cacher sur la colline pour me tendre un guet-apens et me prendre le peu d’argent que j’avais sur moi. Je ne me suis pas laissé faire mais la bagarre a mal tourné et je suis resté là pour toujours face à cette belle ligne d’horizon… Aujourd’hui, c’est mon âme qui contemple l’évolution du monde. Mais vous savez, vous aussi, comment il a évolué. Les idées nouvelles qui mijotaient dans la tête de la bourgeoisie ont fini par faire exploser la société dans une grande révolution. On y a décrété que tous les hommes étaient égaux en droits, on a inventé les droits de l’homme. Quelques femmes ont protesté en exigeant courageusement les mêmes droits, mais il faudra encore deux siècles pour que cette idée s’installe comme une évidence et pas encore totalement dans les faits. Sur le plan de la science, une immense révolution des techniques s’est mise en mouvement avec une accélération constante dans tous les domaines. De mon regard de colporteur j’ai un peu de mal à saisir comment vous pouvez vivre. Il semble que vous soyez capables d’aller de Lunéville à Langres en quelques heures alors que je mettais la moitié de l’hiver pour le faire. De mon temps je vendais de petits miroirs pour que les femmes puissent s’y confronter mais il parait qu’aujourd’hui vous pouvez vous confronter avec n’importe qui, où qu’il se trouve … et lui parler…, ça me dépasse un peu …
Il semble cependant que malgré tous ces changements arrivés depuis ma disparition au début du 19° siècle, vous ayez vous aussi des indicateurs de changements qui vous alarment et que vous avez un peu de mal à appréhender. La diversité des formes de vie tendrait à s’effondrer ? Le climat deviendrait instable au point de créer de réelles difficultés pour la production alimentaire ? La monnaie et la finance auraient pris les commandes de toute la vie en société ? Les ressources de la planète ne suffiraient plus à satisfaire vos besoins devenus disproportionnés ? C’est peut être le moment pour moi de vous poser cette question que vous pourrez approfondir chacun individuellement dans les jours qui viennent.
Si vous pouviez venir vivre à mon époque et que vous puissiez choisir votre position sociale choisiriez vous d’intégrer la noblesse, le clergé ou le petit peuple ? Et alors, face à la remise en cause de l’ordre établi, que penseriez-vous, auriez vous envie que ça change ?…

• Si vous avez choisi la noblesse : comment acceptez-vous la remise en cause des acquis ?
• Si vous avez choisi le clergé : comment acceptez-vous la remise en cause de l'ensemble du système religieux qui assure un certain équilibre du vivre ensemble depuis plus de 1 000 ans ?
• Si vous avez choisi le petit peuple : comment pouvez-vous envisager un quelconque changement alors que vous manquez de tout pour simplement survivre, de savoir, de pain… et que tous les changements que vous avez vécus ne vous ont apportés que famines et malheurs. Que faire d'idées nouvelles en tant que laboureur, sabotier ou lavandière ? …
• Enfin avez-vous peut-être choisi d’être de ces chercheurs d’avenir qui font avancer la recherche de la raison…

Si vous êtes convaincus que nous sommes dans une période de mutation due notamment à la transition écologique, dans quelle disposition psychologique seriez-vous plutôt ? Celle des acquis du siècle dernier, celle d’une croyance aveugle dans le progrès et la technologie, celle d’une délégation aux gens de pouvoir, on les a élus qu'ils se démerdent quoi ! …
Cette réflexion vous appartient …
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88220 Xertigny
kilomètre 7,73
latitude 48.0366
altitude 573 m
longitude 6.40615
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