A la découverte de l’Alsace
Voilà un grand classique qui tient ses promesses ! Une belle contrée dédiée à Epicure entre villages de carte postales, trésors d’architecture et plaisir de la table. On ne présente plus l’Alsace, fidèle aux gravures de Hansi, son effigie se retrouve sur les cartes de Noël et les livres de notre enfance.
Tout est là : les maisons à colombages, les potées de géranium aux fenêtres, les nids des cigognes en équilibre sur les clochers, les vignes bien coiffées… Rien n’égratigne la perfection de son image, la force de son identité. Avec près de 150 musées à son actif, une ribambelle de châteaux, caveaux et winstubs (bistrot à vin local), l’Alsace mérite plus qu’un détour.
La plus vieille route des vins en France se trouve ici. Elle sillonne entre les vignes à travers les coteaux des montagnes vosgiennes, traversant des villages plus ravissants les uns que les autres et offrant de magnifiques points de vue. Pour une expérience encore plus agréable, n’hésitez pas à la découvrir à vélo, sachant que l’Alsace possède le plus grand réseau national de pistes cyclables. Prenez le temps de visiter une cave, de déguster les vins locaux et de discuter avec les vignerons. Limitrophes du département de Vosges sans commune mesure avec les hauts sommets pointus des Alpes, les montagnes d'Alsace possèdent des forêts qu'il est agréable de parcourir à pied, à VTT ou à cheval. Les circuits de randonnée pédestre, balisés par le Club Vosgien, ne manquent pas : il n’y a que l’embarras du choix pour trouver des idées de balades. En septembre et octobre arrive la saison des vendanges ! Progressivement, les vignes passent du vert au jaune orangé. Les couleurs sont superbes et la température encore agréable. Une très belle période pour randonner !
Ribeauvillé : © pkazmierczak - Adobe Stock
La gastronomie alsacienne est savoureuse avec des portions généreuses. Choucroute ou autres spécialités alsaciennes, kougelhopf, bretzel, tarte au fromage blanc, torche aux marrons, toutes ces douceurs alsaciennes sont à déguster dans le cadre traditionnel et chaleureux d’une vraie winstub qui est la brasserie locale. Autre lieu sympathique, la ferme-auberge qui produit les aliments de sa cuisine : le repas marcaire est l’un des grands classiques de la campagne, et comporte une tourte vigneronne, puis des roïgabrageldi (pommes de terre en lamelles, oignons et beurre, le tout cuit lentement dans une marmite en fonte) servi avec de la viande de porc fumée (collet ou palette par exemple) et enfin d’un dessert, traditionnellement du siesskass (fromage frais du jour au sucre et au kirsch) ou une tarte maison. Les randonnées permettront d’éliminer ces riches repas !
L’Alsace possède de nombreux châteaux forts.Le plus connu et le plus impressionnant est sans conteste le château du Haut-Koenigsbourg, qui constitue vraiment une visite incontournable, mais d’autres châteaux sont intéressants, comme le Château du Haut-Barr, le Château du Hohlandsbourg, du Fleckenstein, du Lichtenberg... Sans compter les châteaux en ruine qui constituent également un but de promenade. Certes, l’Alsace est loin de la mer, mais ses lacs de montagne et des gravières aménagées sont très agréables pendant les fortes chaleurs estivales, notamment le lac de Kruth, particulièrement prisé.
Château de Koenigsbourg : © Leonid Andronov - Adobe Stock
Les célèbres marchés de Noël sont certainement l’attraction la plus connue. C’est une véritable tradition, qui n’a absolument rien à voir avec le côté purement commercial de ceux que l’on voit fleurir depuis plusieurs années un peu partout dans le monde. La qualité et l’artisanat restent d’actualité et l’atmosphère magique des villes et villages alsaciens richement décorés pour Noël sont un émerveillement pour les petits et les grands.
Voici une dernière expérience à vivre en Alsace : prononcer les noms des villages. Ce n’est pas évident au début, mais c’est une saine occupation pour les enfants ! Entraînez-vous avant les vacances : Scharrachbergheim, Oberschaeffolsheim, Krautergerstheim, Voegtlinshoffen, Helfrantzkirch…
Située au centre de l’Alsace, entre les deux autres grands pôles industriels que sont Strasbourg et Mulhouse, Colmar est une étape incontournable. La ville, de taille moyenne, possède de très nombreux monuments et ses quartiers typiques sont particulièrement beaux et préservés, agrémentée de plusieurs musées intéressants, dont le très célèbre musée des Unterlinden.
Colmar est la petite carte postale alsacienne: on peut difficilement faire plus charmant !
Le premier document écrit mentionnant Colmar date de 823, quand Louis le Pieux fait don d’un domaine dans la région de Columbarium, à l’abbaye de Munster. La commune se développe progressivement et accède au statut de ville au début du 13ème siècle, sous la suzeraineté de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen. C’est à cette époque que commencent à s’installer diverses communautés religieuses, telles que les Franciscains, les Dominicains et les Augustins.
En 1354, naît la Décapole, association de dix villes impériales d’Alsace, qui a pour but de défendre les privilèges et le statut des villes d’Empire et d’assurer leur sécurité. Les 15ème et 16ème siècles sont l’âge d’or de la ville. De magnifiques bâtiments sont construits et la ville connaît la fortune par ses marchands, mais aussi par son activité agricole. La réforme s’installe sans heurt à Colmar en 1575. La guerre de Trente Ans (1618-1648) est à l’origine de grands bouleversements. Elle ruine la ville, qui se met alors sous la protection de la Suède, puis de la France. Après la guerre, elle cherche à retrouver son indépendance, mais Louis XIV maintient son emprise. Colmar doit céder et devient ville royale en 1678 par le traité de Nimègue, tout en gardant certains de ses privilèges. La ville devient peu à peu française et devient préfecture du Haut-Rhin sous la Révolution. En 1870, Colmar et sa région sont cédées à l’Allemagne à l’issue de la guerre, avant de redevenir française en 1918, puis de nouveau sous domination allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd’hui, la ville est le troisième pôle d’Alsace et est devenue une ville calme et bourgeoise.
Colmar : © Mapics - Adobe Stock
Une autre attraction est très prisée en Alsace : les cigognes ! Son nom de code est « ciconia ciconia » ! Elle fait partie de la famille des Ciconiidés (comme les tantales et les marabouts). La cigogne blanche, Cicogna alba, arrive en Alsace au mois de mars, précurseur du printemps, niche également sur les arbres et au haut des édifices où elles sont en sûreté. Elles trouvent aussi, sur le faite des toits, la charpente de leurs nids préparée par la sollicitude des bourgeois propriétaires. Oiseau vénéré des Alsaciens, presque au même titre que l’ibis sacré dans l’Égypte ancienne, toute la population le protège avec une sollicitude jalouse. Au Moyen Âge on annonçait à son de trompe l’arrivée du premier couple de cigognes. On reconnait l’oiseau carnivore à son beau plumage blanc avec du noir sur les ailes, et son bec rouge, long et étroit. Ce grand échassier mesure environ un mètre de long et son envergure peut atteindre deux mètres pour un poids moyen de trois kilos (le mâle est un peu plus lourd que la femelle) et peut vivre de 20 à 30 ans. Le nid de la cigogne est construit en hauteur, sur un toit d’église ou de maison, à un emplacement souvent choisi par l’homme. Le mâle arrive le premier pour travailler à la consolidation du nid pour le garnir de branchages ou de sarments de vigne. Le nid est plat, de forme circulaire et pèse environ entre 400 et 500 kg pour une taille entre 1m20 et 1m40 !
Silhouettes familières de nos campagnes et figures emblématiques de l'Alsace, ces grands échassiers ont longtemps vécu en harmonie avec les hommes, avant de frôler l'extinction. Puis, vers la fin des années 1990, la cigogne en Alsace est devenue plus présente au point d’en voir planer au-dessus de la place Stanislas de Nancy. En 1960, on comptait 148 couples et ils n’étaient plus que 9 en 1974. Trop peu de cigognes revenaient de leur migration en Afrique Occidentale (moins de 10%). Plusieurs raisons ont expliqué cette situation : les cigognes migrantes étaient souvent victimes d’électrocutions dues aux lignes à haute tension, de la sècheresse au Sahel, de la chasse intensive dans les pays survolés, mais aussi du drainage des zones humides en Alsace.
L’État s’attaqua au problème en 1976 en promulguant une loi protégeant l’espèce. En 1983, une association fut créée pour protéger et sédentariser les cigognes : l’APRECIAL (Association pour la Protection et la Réintroduction des Cigognes en Alsace Lorraine). Des centres de réintroduction de cigognes furent établis sur plusieurs sites dans la région (Ammerschwihr, Cernay, Eguisheim, Hunawihr, Kintzheim, Munster, Raedersdorf, Rouffach…). En 2009, on trouvait dans toute l’Alsace 450 couples, puis 600 en 2012. En 2017, la population de cigognes est estimée à 850 couples, correspondant au niveau du 19 ème siècle. Un dicton régional résume la migration de cet grand oiseau attachant : « Quand les cigognes sont là, le monde est en bon état ». L’APPRECIA décida son auto-dissolution en 2016 puisque sa mission était accomplie.
Cigognes : © Pictures news - Adobe Stock
Il existe en effet un lien particulier entre les cigognes et les Alsaciens. Charles Grad (1842-1890), homme politique et écrivain scientifique né en Alsace, explique dans son ouvrage de 1889 « L’Alsace : le pays et ses habitants », comment ces liens qui unissent la cigogne aux alsaciens sont solides.
Les cigognes et l’Alsace, une histoire d’amour !
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