Rando pédestre - Entre clocher et ruisseau de Cances

Lancé au printemps 2023, le circuit de randonnée de Leucamp nous rappelle l'existence passée d'une activité industrielle qu'on a peine à imaginer en ces lieux tant la nature y a repris ses droits, et de fort belle manière : la mine.Impossible de la manquer lorsqu'on arrive dans le cœur du village de Leucamp : la Maison des mineurs de la Châtaigneraie s'élève au pied de l'église, à la surprise de nombre de visiteurs qui se demandent sans doute quelles cicatrices ont bien pu être infligées à cette si jolie nature. Qu'ils se rassurent, quasiment plus rien ne subsiste de l'exploitation du wolfram, sinon les souvenirs qu'en ont gardé les anciens de la région.Pour en savoir autant qu'eux ou presque sur cette étonnante aventure, née fortuitement de la maladresse d'un cireur de parquets, il ne vous en coûtera que 2 € : c'est l'insertion de votre obole dans le monnayeur qui déclenchera la scénographie de 35 minutes que renferme la jolie bâtisse.Mais au fait, c'est quoi, le wolfram ? À vrai dire, on connaît mieux le nom de la poudre noire qu'on extrait de ce minerai : le tungstène. Quasiment indestructible, le tungstène entre dans la composition des aciers les plus résistants. On comprend ainsi pourquoi la découverte d'un gisement de wolfram aux prémices de la Première Guerre mondiale fut rapidement concrétisée par son exploitation...En 1959, la concurrence étrangère ayant compromis sa rentabilité, la mine ferma définitivement ses portes. Soixante-trois ans plus tard, l'itinéraire de randonnée pédestre "Du granit au wolfram" perpétue le souvenir de cette page d'histoire qui a transformé la vie de ce petit coin de Cantal. Il complète agréablement la découverte de la Maison des mineurs, mais il procure surtout un agréable bain de fraîcheur en été car les trois-quarts de son parcours de 11 km sont ombragés. Les points de vue sur les environs, particulièrement sur la verdoyante vallée du Goul et le nord de l'Aveyron, y sont fréquents, et l'on profite du patrimoine bâti traditionnel de la commune, dans le village et les hameaux rencontrés en chemin.À peu près à mi-chemin, le site de la Croix de Trapouet propose une aire de pique-nique fort agréable. Mais en vous en éloignant de 2 km de l'itinéraire à partir du hameau de Bancarel, vous pourrez profiter du cadre enchanteur du plan d'eau de Maurs pour faire votre pause déjeuner. Une plage et une aire de jeux y ont été aménagés autrefois, mais l'étang a désormais retrouvé l'apparence d'un espace de nature intacte, au cœur d'un vallon encaissé et isolé.

Ladinhac prend soin de son patrimoine, la chose frappe d'emblée lorsqu'on aborde la commune. Loin de donner l'impression d'être figé dans le passé, muséifié, cette coquetterie semble insuffler au village un équilibre entre tradition et vie rurale moderne.Ce souci de mémoire s'explique-t-il par le fait que l'histoire de Ladinhac est l'une des plus anciennes en Châtaigneraie cantalienne ? Toujours est-il que c'est sur le territoire de la commune qu'on a découvert au siècle dernier le plus vieux cimetière de la région. Datée du VIe siècle, la nécropole du Bouscailloux témoigne en effet d'une implantation précoce sur des sous-sols pourtant granitiques et schisteux, peu propices à l'agriculture. Au fil des siècles, l'homme est tout de même parvenu à domestiquer le sol qui le nourrit, et l'attrayante mosaïque de paysages qui en découle et s'offre aujourd'hui à nos regards est depuis 2022 astucieusement mise en musique par un sentier d'interprétation long de 7,5 km. Comme son nom l'indique, "Entre clocher et ruisseau de Cances" associe le patrimoine naturel de la commune à son héritage bâti et rend instructive et captivante cette randonnée familiale, qui n'oublie pas de faire un clin d'œil au massif cantalien qui se propose en toile de fond. D'autant que vous ne serez pas seuls en chemin ! Mimi Siquier, la tenancière de l'un des quatre cafés qui constituaient naguère le socle de la vie sociale de Ladinhac, vous accompagnera tout au long de votre promenade. Pour vous, elle fera revivre le four à pain, le sécadou, le château de La Salle, l'église Saint-Agnan voisine, dont le modeste chevet roman originel laisse deviner combien les dimensions de l'édifice se sont accrues au fil de remaniements successifs ; et même le discret mais indispensable abreuvoir, sans lequel des générations de Ladinhacois n'auraient pu se pourvoir de l'eau qui coule si généreusement dans nos intérieurs modernes. Au terme de votre promenade, vous ferez bien de ne pas quitter Ladinhac si vite car les alentours du village recèlent aussi quelques petits trésors du passé, qu'un second parcours pédestre mettra çà et là sur votre chemin. Ce sont d'anciens moulins, qui puisaient leur énergie des eaux vives ruisselant vers la rivière Goul, qui sont cette fois à l'honneur. Avec "Des moulins à la vallée du Goul", 14,5 km de montagnes russes vous attendent, pour la plupart ombragés. Au prix d'un infime détour, à proximité du moulin du même nom, ne manquez pas la cascade de Vachand, qui est sans doute la plus jolie de la Châtaigneraie. À mi-parcours, lorsque vous parviendrez à la rive du Goul, vos pas se placeront dans ceux des randonneurs au long cours qui empruntent le GR465 de Murat à Conques, l'un des grands classiques de la randonnée itinérante en Auvergne.Boudé par l'axe Aurillac-Rodez, Ladinhac vaut finalement bien un petit détour de 2,5 km, vous ne croyez pas ?