Oeuvre 6 - Parcours Art et Environnement - Usine Utopik
- Thématique Lieux d'intérêt
- Mis à jour le 11/08/2022
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Informations
Lieux d'intérêts
Producteurs
Restauration
Services et Commerces
Autre
Echelle
latitude
48.9823
|
longitude
-1.06426
|
altitude
35 m
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adresse
50420 TESSY-BOCAGE
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accessibilite
|
Photos & vidéos (1)
description
Jusqu’ici les interventions analysées partagent entre elles une certaine position écologique, en ce qui concerne notamment l’intégration avec le site naturel, le recyclage des matériaux ou la sauvegarde de l’environnement. Dans des préoccupations tout autres se situe l’œuvre Hyperorgane d’Antoine Nessi : elles concernent notamment le devenir du corps quand il est pris dans les engrenages du système industriel. A première vue, l’œuvre de l’artiste surgit au beau milieu du paysage bucolique et verdoyant, et inquiète le spectateur par ses formes tubulaires qui s’encastrent dans un schéma irrationnel, nous donnant à voir une entité informe réalisée entièrement par des plaques de métal, suspendue dans une espèce de lit-cage métallique également, le tout dans une monochromie grise et austère.Le titre de l’œuvre renvoie à un objet organique et corporel, bien que largement dysmorphique et boursouflé : les tubes métalliques représentent la transformation machinique de boyaux, de tubes digestifs hypertrophiés qui semblent avoir été sauvagement sectionnés et rebranchés les uns sur les autres. Un large boyau central supporte trois branchements qui se prolongent vers les limites de l’enclos et sont amputés en correspondance de celles-ci. Dans sa partie inférieure, une corne phallique se greffe sur une forme évoquant une mamelle : hétérogénéité sexuelle qui accentue l’idée d’un corps composite obtenu par des morceaux appartenant à plusieurs animaux. La taille de l’organe fait penser à un bovidé. Ce corps se présente retourné comme le revers d’un gant : les morceaux d’organes ici exposés au grand air, privés d’une enveloppe corporelle en mesure de maintenir leur cohésion d’ensemble, nous renvoient à l’image angoissante et à caractère psychotique d’un corps sans contenant dont les organes s’éparpilleraient chaotiquement . Dans cette traduction plastique d’une sorte d’angoisse d’éviscération, on peut remarquer certains détails qui accentuent la relation inextricable d’un corps pris au piège pendant une hypothétique opération de découpage et de branchement à une machine : on remarque par exemple les extrémités des boyaux qui se terminent par des grilles de moteurs.L’emplacement de cette œuvre se situe à une proximité égale des champs où les vaches paissent paisiblement et du vaste supermarché Carrefour venu s’implanter en pleine campagne sans transition avec la nature environnante. Or dans cette chaîne de production allant de la vache dans le pré jusqu’aux steak-hachés sur les rayons des supermarchés, mis en circulation sur un mode sériel et aseptisé, il existe un stade intermédiaire qui n’est jamais montré et que l’on s’empresse d’éliminer de nos consciences. Et pour cause, car il s’agit du passage de l’animal à l’abattoir en vue de la mise à mort, de l’éviscération et du découpage de la viande : une étape jugée par tous comme trop répugnante pour être montrée au grand jour. L’œuvre d’Antoine Nessi fonctionne ainsi comme un « retour du refoulé » : elle évoque précisément sur un mode fantasmé ce maillon manquant de la chaîne productive, nous met sous les yeux cette étape si dérangeante et répugnante. Cette vision inquiétante touchant à l’horrifique condense plusieurs scénarios : des morceaux de corps inutilisés, compressés et jetés au rebut, un organe qu’on aurait gavé jusqu’à le faire gonfler à l’extrême, ou peut-être notre propre vision hallucinatoire de l’acte lui-même de la violence qui, par cette image d’un tas grotesque de viscères, se traduit dans notre esprit en sollicitant nos peurs les plus anciennes, celles d’un corps désuni. Scénarios qui dans tous les cas s’opposent à la logique d’exposition des supermarchés qui dominent notre mode de vie, une logique qui parvient à dissocier la violence de toute forme d’émotivité.Rédacteur : Usine Utopik
Note moyenne