Tempête, côte de Belle-Ile
- Thématique Lieux d'intérêt
- Mis à jour le 23/09/2021
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Producteurs
Restauration
Services et Commerces
Autre
Echelle
latitude
47.3028
|
longitude
-3.23326
|
altitude
26 m
|
|||
adresse
56360 Bangor
|
accessibilite
|
||||
services à proximité
Transports en commun
|
Photos & vidéos (1)
description
Peindre dans un «endroit abrité»
Alors que la tempête se déchaîne du 9 au 17 octobre 1886 et que le peintre ne supporte pas de rester dans sa chambre, il écrit à sa compagne Alice Hoschédé, qu’il a trouvé un « endroit abrité ». Il serait périlleux aujourd’hui d’essayer d’en retrouver l’emplacement dans la descente qui mène en contrebas.
La description du critique Gustave Geffroy permet d’imaginer dans quelles conditions il travaille, aidé du fidèle Poly, son porteur : « Il lui faut être vêtu comme les hommes de la côte, botté, couvert de tricots, enveloppé d’un « ciré » à capuchon. Les rafales lui arrachent parfois sa palette et ses brosses des mains. Son chevalet est amarré avec des cordes et des pierres. N’importe, le peintre tient bon et va à l’étude comme à la bataille ». Il s’agit bien d’une bataille avec les éléments, dont il dit espérer en sortir « vainqueur ». Et pour cela, dit Geffroy, « il pioche », « il turbine comme un ouvrier ». Un soir, Monet écrit qu’il est rentré « comme gris de vent », un autre jour, il a « reçu tant de grêle que ce soir la figure et les mains [lui] font encore mal et par moments [il craignait] que ses toiles ne soient crevées ».
Une mer déchaînée
Comment représenter cette furie, mot qui revient souvent sous sa plume ? La mer est furieuse, lui-même est furieux et il semble que son pinceau lui-même soit devenu furieux.
Seuls points fixes au milieu de ce déchaînement, les rochers cadrent solidement le tableau selon deux verticales et deux horizontales. Ils sont traités en petites touches serrées au premier plan, tandis qu’à l’arrière plan les deux masses horizontales s’estompent sous l’assaut des vagues.
Le regard est emporté par la houle qui agite en courtes touches ou en virgules colorées l’écume du premier plan, puis suit les longues obliques brossées au centre du tableau vers les tourbillons qui déferlent sur les rochers du fond. Le spectateur est ainsi placé au cœur de la tempête, comme si le peintre avait utilisé un zoom. Tous ceux qui l’ont côtoyé ont parlé de son « œil parfait », de son regard aigu, exceptionnel, qui pouvait accommoder de près, de loin. Rodin a exprimé son admiration pour lui en une formule abrupte : «Monet, un œil... mais bon Dieu, quel œil ! »
Le ciel et la mer se confondent dans une tonalité laiteuse, une symphonie de blancs délicatement teintés de gris, de bleus, de roses, de verts, comme si chaque touche captait une vibration lumineuse différente.
C’est avec les mots du langage amoureux que le peintre traduit son enthousiasme, son « énervement » devant un tel spectacle : « C’était une jouissance pour moi de voir cette mer en fureur », et il écrit à Alice : « je veux vous en faire jouir ». Si à d’autres moments, il se sent « impuissant » devant cette immensité de la mer, il en parle comme d’une amante : « cette mâtine de mer… je sens que chaque jour je la comprends mieux, la gueuse… Bref, j’en suis fou...»
Tradition et modernité
Longtemps, la représentation des flots déchaînés est restée associée aux naufrages. Mais dans ces tableaux de tempête à Belle-Île, aucune présence humaine, aucun navire en perdition. Monet ne manque cependant pas d’évoquer dans sa correspondance les sinistres et les drames humains dont il entend parler le soir à l’auberge de Kervilahouen : « À Quiberon, plusieurs bateaux de pêche se sont perdus corps et biens ; c’est terrible ». Le 27 octobre, toute l’auberge est dans l’inquiétude car des bateaux ne sont pas rentrés. Il participe aux recherches sur la côte avec les villageois et dit combien il « était difficile de retenir ses larmes ». Sa peinture n’en porte aucun témoignage, ce n’est pas son sujet. Il représente la tempête en soi, à l’état pur. Bien que lui-même soit toujours resté un peintre figuratif, il ouvre ainsi la porte à l’abstraction.
Alors que la tempête se déchaîne du 9 au 17 octobre 1886 et que le peintre ne supporte pas de rester dans sa chambre, il écrit à sa compagne Alice Hoschédé, qu’il a trouvé un « endroit abrité ». Il serait périlleux aujourd’hui d’essayer d’en retrouver l’emplacement dans la descente qui mène en contrebas.
La description du critique Gustave Geffroy permet d’imaginer dans quelles conditions il travaille, aidé du fidèle Poly, son porteur : « Il lui faut être vêtu comme les hommes de la côte, botté, couvert de tricots, enveloppé d’un « ciré » à capuchon. Les rafales lui arrachent parfois sa palette et ses brosses des mains. Son chevalet est amarré avec des cordes et des pierres. N’importe, le peintre tient bon et va à l’étude comme à la bataille ». Il s’agit bien d’une bataille avec les éléments, dont il dit espérer en sortir « vainqueur ». Et pour cela, dit Geffroy, « il pioche », « il turbine comme un ouvrier ». Un soir, Monet écrit qu’il est rentré « comme gris de vent », un autre jour, il a « reçu tant de grêle que ce soir la figure et les mains [lui] font encore mal et par moments [il craignait] que ses toiles ne soient crevées ».
Une mer déchaînée
Comment représenter cette furie, mot qui revient souvent sous sa plume ? La mer est furieuse, lui-même est furieux et il semble que son pinceau lui-même soit devenu furieux.
Seuls points fixes au milieu de ce déchaînement, les rochers cadrent solidement le tableau selon deux verticales et deux horizontales. Ils sont traités en petites touches serrées au premier plan, tandis qu’à l’arrière plan les deux masses horizontales s’estompent sous l’assaut des vagues.
Le regard est emporté par la houle qui agite en courtes touches ou en virgules colorées l’écume du premier plan, puis suit les longues obliques brossées au centre du tableau vers les tourbillons qui déferlent sur les rochers du fond. Le spectateur est ainsi placé au cœur de la tempête, comme si le peintre avait utilisé un zoom. Tous ceux qui l’ont côtoyé ont parlé de son « œil parfait », de son regard aigu, exceptionnel, qui pouvait accommoder de près, de loin. Rodin a exprimé son admiration pour lui en une formule abrupte : «Monet, un œil... mais bon Dieu, quel œil ! »
Le ciel et la mer se confondent dans une tonalité laiteuse, une symphonie de blancs délicatement teintés de gris, de bleus, de roses, de verts, comme si chaque touche captait une vibration lumineuse différente.
C’est avec les mots du langage amoureux que le peintre traduit son enthousiasme, son « énervement » devant un tel spectacle : « C’était une jouissance pour moi de voir cette mer en fureur », et il écrit à Alice : « je veux vous en faire jouir ». Si à d’autres moments, il se sent « impuissant » devant cette immensité de la mer, il en parle comme d’une amante : « cette mâtine de mer… je sens que chaque jour je la comprends mieux, la gueuse… Bref, j’en suis fou...»
Tradition et modernité
Longtemps, la représentation des flots déchaînés est restée associée aux naufrages. Mais dans ces tableaux de tempête à Belle-Île, aucune présence humaine, aucun navire en perdition. Monet ne manque cependant pas d’évoquer dans sa correspondance les sinistres et les drames humains dont il entend parler le soir à l’auberge de Kervilahouen : « À Quiberon, plusieurs bateaux de pêche se sont perdus corps et biens ; c’est terrible ». Le 27 octobre, toute l’auberge est dans l’inquiétude car des bateaux ne sont pas rentrés. Il participe aux recherches sur la côte avec les villageois et dit combien il « était difficile de retenir ses larmes ». Sa peinture n’en porte aucun témoignage, ce n’est pas son sujet. Il représente la tempête en soi, à l’état pur. Bien que lui-même soit toujours resté un peintre figuratif, il ouvre ainsi la porte à l’abstraction.
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