Le Pertuis de Noisiel et le barrage de l'Usine Menier
- Thématique Lieux d'intérêt
- Mis à jour le 08/01/2018
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Autre
Echelle
latitude
48.8577
|
longitude
2.62779
|
altitude
40 m
|
|||
adresse
77360 Vaires-sur-Marne
|
accessibilite
|
Photos & vidéos (7)
description
Les moulins successifs de Noisiel, depuis le 12ème siècle, ont été construits sur un bras secondaire de la Marne, à un endroit où la Marne se rétrécit.
Il existait un pertuis sur le bras principal pour fournir suffisamment d'eau au moulin pendant les périodes de basses eaux de la Marne (un pertuis est un barrage avec un passage pour les bateaux).
Depuis 1825, le moulin est utilisé par M. Menier pour, notamment, la fabrication de chocolat.
En 1869, le pertuis a été remplacé par un ouvrage appelé "barrage de l'Usine" ou "premier barrage", quand le moulin a été reconstruit et est devenu le "Moulin Saulnier", du nom de son architecte.
Ce barrage permettait de fournir une chute d'eau importante aux machines hydrauliques du nouveau moulin, à une époque où la chocolaterie Menier prenait un essor considérable.
En 1887, a été mis en service un deuxième barrage, ou "barrage de l'Etat", construit 250 mètres en aval et dont le niveau était supérieur de 0,72 m au niveau du barrage de Vaires situé 2 kilomètres en amont.
De ce fait, le premier barrage a été submergé, tout comme, d'ailleurs, le barrage de Vaires.
Cependant, le nouveau barrage a permis de rétablir la navigation fluviale entre Vaires et le port de Noisiel et a, bien sûr, augmenté la chute d'eau du moulin Saulnier.
Aujourd'hui, seules sont visibles les culées, sur les rives, et les piles du barrage de l'Usine, au milieu de la rivière.
Sur la photo aérienne, on devine le déversoir du barrage recouvert d'un peu d'eau.
Pour plus d'informations sur le pertuis :
http://projetbabel.org/fluvial/p.htm#Pertuis
http://www.vnf.fr/vnf/lexique.vnf?action=initial&ID_word=7542&initial=P
Il existait un pertuis sur le bras principal pour fournir suffisamment d'eau au moulin pendant les périodes de basses eaux de la Marne (un pertuis est un barrage avec un passage pour les bateaux).
Depuis 1825, le moulin est utilisé par M. Menier pour, notamment, la fabrication de chocolat.
En 1869, le pertuis a été remplacé par un ouvrage appelé "barrage de l'Usine" ou "premier barrage", quand le moulin a été reconstruit et est devenu le "Moulin Saulnier", du nom de son architecte.
Ce barrage permettait de fournir une chute d'eau importante aux machines hydrauliques du nouveau moulin, à une époque où la chocolaterie Menier prenait un essor considérable.
En 1887, a été mis en service un deuxième barrage, ou "barrage de l'Etat", construit 250 mètres en aval et dont le niveau était supérieur de 0,72 m au niveau du barrage de Vaires situé 2 kilomètres en amont.
De ce fait, le premier barrage a été submergé, tout comme, d'ailleurs, le barrage de Vaires.
Cependant, le nouveau barrage a permis de rétablir la navigation fluviale entre Vaires et le port de Noisiel et a, bien sûr, augmenté la chute d'eau du moulin Saulnier.
Aujourd'hui, seules sont visibles les culées, sur les rives, et les piles du barrage de l'Usine, au milieu de la rivière.
Sur la photo aérienne, on devine le déversoir du barrage recouvert d'un peu d'eau.
Pour plus d'informations sur le pertuis :
http://projetbabel.org/fluvial/p.htm#Pertuis
http://www.vnf.fr/vnf/lexique.vnf?action=initial&ID_word=7542&initial=P
Le pertuis de Noisiel au milieu du 19ème siècle
Comme le montrent ces extraits de documents, le pertuis de Noisiel était réputé dangereux :
- "Vers 1850, entre Epernay et la Seine, la Marne se trouve encore dans une situation déplorable. Elle n'offre en effet aux bateaux qu'une profondeur d'eau insuffisante, et, en dehors des canaux de Meaux à Chalifert et de Saint-Maur, on ne rencontre pas moins de 16 pertuis, dont le passage présente de très grandes difficultés et même des dangers réels.
La longueur des pertuis varie de 8 à 12m." source BNF
- "Le canal de Chelles fera éviter ainsi aux bateaux : 1° les dangers du pertuis de Noisiel, l'un des plus difficiles de la rivière ; 2° ceux que ce canal rencontre aux abords du moulin de Chelles." source BNF 1848
La carte d'état-major des environs de Paris (1818-1824) montre un rétrécissement du bras principal de la Marne 300 mètres en amont du moulin.
Il n'est pas possible de savoir si ce qui est dessinée représente une île ou une digue (une autre digue est dessinée juste en amont du moulin, celle qui permet de diriger les eaux vers le moulin).
Rappelons qu'à l'époque, le niveau de la Marne était inférieur de deux ou trois mètres à celui que nous connaissons de nos jours.
Il existe une aquarelle anonyme de 1829 qui représente le pertuis.
source : saga menier
http://pone.lateb.pagesperso-orange.fr/histoire.htm
Cette aquarelle montre que la pointe de l'île ou de la digue était renforcée par des pieux en bois.
Elle ne fournit pas beaucoup d'indications sur le système de fermeture du barrage.
Il n'est pas possible de savoir si le pertuis était fermé par des aiguilles ou par des tampes.
- aiguille : madrier vertical, juxtaposé avec plusieurs autres, et appuyé contre une volée de manière à former un rideau étanche. C'est un système utilisé dans les pertuis depuis très longtemps.
source : http://projetbabel.org/fluvial/a.htm#Aiguille
- volée : La volée était alors une longue poutre pivotant sur un axe, le chandelier, et contre laquelle venait s'appuyer le système de bouchure du pertuis. La culasse était la partie de la volée de l'autre côté du chandelier, faisant contrepoids.
source : http://projetbabel.org/fluvial/uvwxyz.htm#Vol%E9e
- tampes : madriers horizontaux empilés verticalement les uns sur les autres afin de former une bouchure sur le pertuis. Le système des tampes est un des nombreux systèmes de fermeture des anciens pertuis.
http://projetbabel.org/fluvial/t.htm#Tampes
- "Vers 1850, entre Epernay et la Seine, la Marne se trouve encore dans une situation déplorable. Elle n'offre en effet aux bateaux qu'une profondeur d'eau insuffisante, et, en dehors des canaux de Meaux à Chalifert et de Saint-Maur, on ne rencontre pas moins de 16 pertuis, dont le passage présente de très grandes difficultés et même des dangers réels.
La longueur des pertuis varie de 8 à 12m." source BNF
- "Le canal de Chelles fera éviter ainsi aux bateaux : 1° les dangers du pertuis de Noisiel, l'un des plus difficiles de la rivière ; 2° ceux que ce canal rencontre aux abords du moulin de Chelles." source BNF 1848
La carte d'état-major des environs de Paris (1818-1824) montre un rétrécissement du bras principal de la Marne 300 mètres en amont du moulin.
Il n'est pas possible de savoir si ce qui est dessinée représente une île ou une digue (une autre digue est dessinée juste en amont du moulin, celle qui permet de diriger les eaux vers le moulin).
Rappelons qu'à l'époque, le niveau de la Marne était inférieur de deux ou trois mètres à celui que nous connaissons de nos jours.
Il existe une aquarelle anonyme de 1829 qui représente le pertuis.
source : saga menier
http://pone.lateb.pagesperso-orange.fr/histoire.htm
Cette aquarelle montre que la pointe de l'île ou de la digue était renforcée par des pieux en bois.
Elle ne fournit pas beaucoup d'indications sur le système de fermeture du barrage.
Il n'est pas possible de savoir si le pertuis était fermé par des aiguilles ou par des tampes.
- aiguille : madrier vertical, juxtaposé avec plusieurs autres, et appuyé contre une volée de manière à former un rideau étanche. C'est un système utilisé dans les pertuis depuis très longtemps.
source : http://projetbabel.org/fluvial/a.htm#Aiguille
- volée : La volée était alors une longue poutre pivotant sur un axe, le chandelier, et contre laquelle venait s'appuyer le système de bouchure du pertuis. La culasse était la partie de la volée de l'autre côté du chandelier, faisant contrepoids.
source : http://projetbabel.org/fluvial/uvwxyz.htm#Vol%E9e
- tampes : madriers horizontaux empilés verticalement les uns sur les autres afin de former une bouchure sur le pertuis. Le système des tampes est un des nombreux systèmes de fermeture des anciens pertuis.
http://projetbabel.org/fluvial/t.htm#Tampes
Le barrage de l'Usine Menier et le pertuis construits en 1869 - les aménagements ultérieurs
Les informations fournies dans ce paragraphe proviennent du Service du Patrimoine de la Ville de Noisiel.
1 - En 1857, M Menier demanda une nouvelle règlementation de son usine et l'autorisation d'en augmenter la force motrice.
Par le décret du 14 avril 1860, il fut autorisé :
a - à établir un long barrage-déversoir s'enracinant à l'extrémité de la pointe amont de l'île qui divise la rivière en deux bras,
b - à conserver un pertuis entre la rive droite de la Marne et l'extrémité amont du barrage-déversoir,
c - à augmenter la hauteur de la retenue du moulin et à porter de 1 à 3 le nombre de vannes motrices.
2 - En 1862, la mise en service du canal de Chelles et du barrage de Vaires supprimait, de fait, la navigation sur la Marne, en aval de Vaires.
Suite à la demande de M. Menier, le décret du 12 mars 1875 l'autorisa à exhausser le niveau de la retenue et à donner des dimensions plus grandes aux trois vannes motrices.
Le nouveau règlement obligea également l'usinier à munir une partie du barrage d'engins mobiles susceptibles de pouvoir s'abaisser et s'effacer entièrement dès que les eaux atteindraient une cote déterminée.
3 - le décret du 23 août 1883, quant à lui, fixe les évolutions à opérer au moment de la mise en service du barrage de l'Etat dont le but était d'augmenter le tirant d'eau de la navigation sur la Marne "canalisée" (de 1,60 m à 2,20m) :
a - la hauteur des deux retenues du moulin doit s'aligner sur celle du nouveau barrage (38,715 m au lieu de 38 m),
b - la hauteur des piles du barrage de l'Usine doit s'aligner sur celle des piles du nouveau barrage (39,715 m),
c - les engins mobiles du barrage doivent rester couchés.
1 - En 1857, M Menier demanda une nouvelle règlementation de son usine et l'autorisation d'en augmenter la force motrice.
Par le décret du 14 avril 1860, il fut autorisé :
a - à établir un long barrage-déversoir s'enracinant à l'extrémité de la pointe amont de l'île qui divise la rivière en deux bras,
b - à conserver un pertuis entre la rive droite de la Marne et l'extrémité amont du barrage-déversoir,
c - à augmenter la hauteur de la retenue du moulin et à porter de 1 à 3 le nombre de vannes motrices.
2 - En 1862, la mise en service du canal de Chelles et du barrage de Vaires supprimait, de fait, la navigation sur la Marne, en aval de Vaires.
Suite à la demande de M. Menier, le décret du 12 mars 1875 l'autorisa à exhausser le niveau de la retenue et à donner des dimensions plus grandes aux trois vannes motrices.
Le nouveau règlement obligea également l'usinier à munir une partie du barrage d'engins mobiles susceptibles de pouvoir s'abaisser et s'effacer entièrement dès que les eaux atteindraient une cote déterminée.
3 - le décret du 23 août 1883, quant à lui, fixe les évolutions à opérer au moment de la mise en service du barrage de l'Etat dont le but était d'augmenter le tirant d'eau de la navigation sur la Marne "canalisée" (de 1,60 m à 2,20m) :
a - la hauteur des deux retenues du moulin doit s'aligner sur celle du nouveau barrage (38,715 m au lieu de 38 m),
b - la hauteur des piles du barrage de l'Usine doit s'aligner sur celle des piles du nouveau barrage (39,715 m),
c - les engins mobiles du barrage doivent rester couchés.
Les caractéristiques du barrage et du pertuis
Les altitudes sont exprimées dans le système NGF-BOURDALOUE, en vigueur dans la seconde moitié du 19ème siècle.
Rappelons que ce système a été remplacé vers 1900 par le système NGF-LALLEMAND (altitude orthométrique), puis par le système NGF-IGN69 (altitude normale)
Il y a 71 mm d'écart entre les points zéro des systèmes Bourdalouë et Lallemand.
Il faut ensuite ajouter environ 34,5 cm, montant variable suivant les secteurs, pour obtenir l'altitude normale.
Le déversoir fixe a une longueur de 39,7 m et une altitude de 38 m.
Le déversoir à hausses mobiles a une longueur de 40,54 m et une altitude de 37,3 m
La grande passe, c'est-à-dire le pertuis, a une largeur de 12 m et une altitude de 35,2 m.
La petite passe a une largeur de 5 m et une altitude de 36,3 m.
On peut donc penser que les niveaux autorisés par les décrets de 1860 et de 1875 étaient respectivement aux cotes 37,3 m et 38 m.
De même, les hausses mobiles avaient une hauteur de 0,70 m.
Rappelons que ce système a été remplacé vers 1900 par le système NGF-LALLEMAND (altitude orthométrique), puis par le système NGF-IGN69 (altitude normale)
Il y a 71 mm d'écart entre les points zéro des systèmes Bourdalouë et Lallemand.
Il faut ensuite ajouter environ 34,5 cm, montant variable suivant les secteurs, pour obtenir l'altitude normale.
Le déversoir fixe a une longueur de 39,7 m et une altitude de 38 m.
Le déversoir à hausses mobiles a une longueur de 40,54 m et une altitude de 37,3 m
La grande passe, c'est-à-dire le pertuis, a une largeur de 12 m et une altitude de 35,2 m.
La petite passe a une largeur de 5 m et une altitude de 36,3 m.
On peut donc penser que les niveaux autorisés par les décrets de 1860 et de 1875 étaient respectivement aux cotes 37,3 m et 38 m.
De même, les hausses mobiles avaient une hauteur de 0,70 m.
Le repère de nivellement L.E.B3 - 14 disparu en 1967
Dans le décret du 23 août 1883, il est indiqué que le niveau légal de la future retenue est fixé pour les besoins de la navigation à la cote 38,715 ou à 1,916 m en contre-bas d'une borne en pierre de taille fixée sur la cage rive droite du pertuis actuel de Noisiel, point pris pour repère provisoire et situé à la cote 40,631 du nivellement général de la France.
Ce n'est pas le même repère que celui recensé en 1933 et déclaré perdu en 1967.
En effet, comme indiqué sur le croquis, celui-ci a une altitude de 39,948 m exprimée dans le système NGF-LALLEMAND (altitude orthométrique) .
Dans le système NGF-BOURDALOUE, en vigueur dans la seconde moitié du 19ème siècle, l'altitude devient 39,877 m (il y a 71 mm d'écart entre les points zéro des deux systèmes).
Fiche IGN du repère :
Matricule : L.E.B3 - 14
altitude normale : 40,293 m
Année de dernière observation : 1933 - Année de nouveau calcul : 2013
Repère vu en place en 1933
Type : M REPERE CYLINDRIQUE DU NIVELLEMENT GENERAL
Voie suivie : MARNE (LA)
de : LE PONT DE GOURNAY à : CHALIFERT
Coté : Gauche PK : 33,20 km Distance : -
Localisation : AU DROIT DE L'ANCIEN PERTUIS DE L'USINE DE NOISIEL
Support : BORNE REPERE
Partie support : FACE SUPERIEURE
Repèrements : AU CENTRE
Ce n'est pas le même repère que celui recensé en 1933 et déclaré perdu en 1967.
En effet, comme indiqué sur le croquis, celui-ci a une altitude de 39,948 m exprimée dans le système NGF-LALLEMAND (altitude orthométrique) .
Dans le système NGF-BOURDALOUE, en vigueur dans la seconde moitié du 19ème siècle, l'altitude devient 39,877 m (il y a 71 mm d'écart entre les points zéro des deux systèmes).
Fiche IGN du repère :
Matricule : L.E.B3 - 14
altitude normale : 40,293 m
Année de dernière observation : 1933 - Année de nouveau calcul : 2013
Repère vu en place en 1933
Type : M REPERE CYLINDRIQUE DU NIVELLEMENT GENERAL
Voie suivie : MARNE (LA)
de : LE PONT DE GOURNAY à : CHALIFERT
Coté : Gauche PK : 33,20 km Distance : -
Localisation : AU DROIT DE L'ANCIEN PERTUIS DE L'USINE DE NOISIEL
Support : BORNE REPERE
Partie support : FACE SUPERIEURE
Repèrements : AU CENTRE
La description du barrage de l'Usine - source Publications industrielles 1874 tome 21 pages 93 à 100
Bibliothèque Arts et Métiers ParisTech Centre d'Aix-en-Provence
USINE DE NOISIEL
BARRAGE ÉTABLI SUR LA MARNE - SYSTÈME A HAUSSES MOBILES A TAMBOUR
de M. LOCHES-DESFONTAINES, inspecteur général des ponts et chaussées.
(PLANCHE 9)
Nous sommes allé, il y a quelque temps, à Noisiel visiter l'importante fabrique de chocolat de M. Menier qui, avec une obligeance parfaite, nous a donné toutes les explications nécessaires pour nous rendre compte dans leurs moindres détails, non-seulement des moyens de fabrication du chocolat et des dispositions toutes spéciales des appareils destinés à cette fabrication, mais encore de l'installation générale de l’usine, transmissions, moteurs à vapeur et hydrauliques et travaux de tous genres qui font de l'ensemble de ce magnifique établissement une des plus belles usines de France.
Pour donner une juste idée de ce que nous avançons, nous nous proposons de publier successivement dans ce volume, avec l'autorisation que M. Menier a bien voulu donner à son ingénieur, M. Logre, un de nos bons et anciens élèves, un ensemble des principaux bâtiments de l'usine, quelques-unes des machines perfectionnées employées pour la fabrication du chocolat, et aussi l'un des moteurs hydrauliques qui nous a paru présenter d'heureuses dispositions, en ce qu'il permet une bonne utilisation de la puissance disponible.
Aujourd'hui, nous allons nous occuper d'un barrage que M. Menier a fait établir récemment pour réglementer le régime des eaux qui alimentent son usine. A ce barrage a été appliqué un système de hausses mobiles à tambour très ingénieux, dû à feu M. Desfontaines et qui, bien qu'ayant déjà reçu antérieurement· quelques applications, est encore peu connu.
Les grands travaux entrepris depuis quelques années pour la canalisation des rivières ont permis aux ingénieurs des ponts et chaussées de faire l'application, de divers systèmes de barrages mobiles.
Tels sont : le barrage à fermettes, inventé en 1833 par M. l'inspecteur général Poirée;
le système de hausses automobiles à bascule, inventé en 1852 par M. l'Ingénieur en chef Chanoine; puis enfin les hausses mobiles à tambour de M. Desfontaines.
Nous n'avons pas à faire ressortir les avantages et les inconvénients que peuvent présenter ces divers systèmes, qui peuvent du reste, avoir chacun leur raison d'être dans des cas spéciaux et surtout parce qu'on trouvera sur ce sujet une étude comparative très bien faite par M. de Legrené, dans les Annales des ponts et chaussées, année 1866.
Nous ne nous attacherons qu'à décrire le barrage à fermettes de M. Poirée et le déversoir à hausse mobile à tambour, tous deux appliqués à Noisiel et représentés sur le dessin, pl. 9.
DESCRIPTION DU BARRAGE DE NOISIEL REPRÉSENTE PAR LES FIGURES DE LA PLANCHE 9
La fig. 1 représente à une échelle très réduite, au 1/1000 d'exécution, le plan général du barrage.
Ce barrage comprend :
1° Un déversoir fixe A, de 40 mètres de longueur;
2° Un déversoir à hausse mobile à tambour B, de 40 m 54 de longueur;
3° Trois piles intermédiaires a, b, c, entre lesquelles sont établis les deux déversoirs:
4° Deux pertuis C et C' : le premier de 14 mètres de largeur sur 48 mètres de longueur, pour le passage des grands bateaux; le second de 5 mètres sur 9 m 80 pour les petites embarcations.
Pour les pertuis, le système de barrage à fermettes de M. Poirée a été adopté.
La fig. 2 représente en élévation ce barrage suivant une section faite par l'axe du pertuis.
On sait que ce genre de fermeture consiste en un rideau d'aiguilles en bois D, qui s'appuient; par leur partie inférieure, contre un sabot d disposé dans une cavité ménagée dans le radier, tandis que leur sommet, terminé par une poignée qui permet de les saisir, vient s'appuyer contre une barre horizontale e supportée par des fermettes E.
Ces fermettes sont construites en fer à T avec goussets rivés, et leur partie inférieure est assemblée avec une traverse en fonte E' terminée par deux tourillons disposés pour qu'elles puissent osciller, afin de permettre de les coucher sur le fond du radier et par suite rendre le passage complètement libre et livrer ainsi passage aux bateaux.
Pour rendre possible, la manœuvre des aiguilles, un petit plancher en bois E' se place sur les fermettes qu'il relie entre elles; elles sont en outre pourvues de chaînes qui donnent la faculté de les relever successivement dans l'ordre où elles ont été couchées.
Nous n'avons pas à entrer dans de plus grandes explications sur ce système, bien connu du reste, et ayant subi différentes modifications de détails dans les diverses et nombreuses applications qui en ont été faites.
Arrivons de suite à la description du système à hausses mobiles à tambour de M. Desfontaines, adopté à Noisiel pour régler le régime des eaux de l'usine de M. Menier; sa construction est tout à fait semblable à celle du barrage établi en 1867 sur la Marne, à Joinville, et sa manœuvre exactement la même.
Dans les Annales des ponts et chaussées, M. l'ingénieur Malezieux a publié une excellente notice au sujet de l'établissement de ce barrage, et nous allons lui emprunter, de la description du déversoir mobile, tout ce qui est commun au déversoir de Noisiel.
Ce déversoir est représenté en élévation fig. 3 et 4 et suivant une section transversale passant par les tambours des hausses mobiles, et dans les deux positions correspondantes à la retenue et à l'ouverture, c'est-à-dire les hausses levées et abaissées.
La fig. 5 est un plan vu en dessus de l'une des piles et d'une première division des hausses du déversoir.
La fig. 6 est une coupe verticale faite à travers la pile, suivant la ligne 1-2, pour montrer le mécanisme des ventelles disposées pour la manœuvre des hausses.
La fig. 7 est une section horizontale faite suivant la ligne 3-4 de la fig. 4, afin d'indiquer les communications des conduits pratiqués dans la pile, avec l'intérieur du tambour.
Les autres figures sont des détails, à une plus grande échelle, du mécanisme des hausses et des ventelles.
FONDATIONS.
Le déversoir mobile est compris entré deux files de pieux et palpanches moisées en chêne F et F'. Les moises d'amont sont au niveau du seuil fixe à 0m 70 de la retenue; les moises d'aval F' sont au niveau de l'étiage.
Entre ces moises, sur un béton de fondation, on a construit le massif en maçonnerie, dans lequel est ménagé le vide central G, formant une sorte de coffre ouvert par en haut sur 1 m 550 de largeur et régnant d'un bout à l'autre du déversoir.
La section transversale de ce vide figure à peu près un quart de cercle et un rectangle accolés, le quart de cercle du côté d'amont, le rectangle du côté d'aval est moins large que haut.
Les deux bords de l'ouverture sont formés de plates-bandes en pierre de taille g et g'; celle d'amont est arasée à 0m 700 en contre-bas de la retenue, c'est le seuil fixe du déversoir; celle d'aval, placée à 0m 12 plus bas, forme le commencement du glacis curviligne sur lequel doit couler la lame déversante.
Cette cavité en maçonnerie, de 40 m 54 de longueur, est divisée en tronçons ou tambours de 1m 50 de longueur au moyen de grandes plaques de fonte transversales. Ces plaques ou diaphragmes h (fig. 7, 9 et 10) pénètrent de 0m 08 dans la maçonnerie sur tout le périmètre de la cavité.
Chaque diaphragme h est percé de deux grandes ouvertures : l'une H est à l'amont, vers le haut du quart de cercle, elle est plus large que haute, et nous l'appellerons l'ouverture horizontale; l'autre H' est à l'aval; elle est plus haute que large, nous l'appellerons l'ouverture verticale.
MÉCANISME DES HAUSSES.
Chaque tambour est pourvu d'une vanne en tôle à double battant I, I', munie vers son milieu d'une charnière horizontale composée de tubes en fonte i (fig. 3, 4, 8 et 10), traversés par un axe en fer forgé sur lequel sont montés les trois bras en fer i', sur lesquels sont boulonnées les deux feuilles de tôle de 5 millimètres d'épaisseur.
Le battant supérieur de cette vanne forme la hausse; le battant inférieur, qui descend dans la cavité du tambour, forme la contre-hausse.
La vanne ne peut pas décrire une moitié de circonférence, mais un quart seulement; la hausse I se tient verticalement, comme l'indique la fig. 3, ou s'abat horizontalement du côté d'aval, comme on le voit fig. 4.
Quant à la contre -hausse I', elle prend des positions correspondantes, mais non identiques. D'abord, elle n'est pas dirigée dans le prolongement de la hausse; à son départ de la charnière, elle se contourne brusquement, se porte de 0'" 28 vers l'aval et reprend seulement alors une direction parallèle à celle de la hausse.
Le but de ce contournement, c'est que quand la hausse est abattue, la contre-hausse relevée se trouve non au-dessus, mais au-dessous de l’ouverture horizontale du diaphragme, elle en effleure le bord inférieur, comme l'indique la fig. 4. D'autre part, quand la hausse est levée, la contre-hausse vient s'aligner par sa face d'aval suivant le bord vertical d'amont de l'ouverture verticale du diaphragme.
Ce qui limite le mouvement de la contre-hausse (et conséquemment de la vanne entière) dans cette deuxième position, c'est d'abord le seuil en bois J avec garniture de fer (fig. 3, 4 et 8), sur lequel s'appuie la rive inférieure de la contre-hausse, puis deux nervures h' (fig. 4 et 9) que portent les diaphragmes h, et qui reproduisent le tracé contourné des rives latérales, enfin une troisième nervure horizontale i' venue de fonte sous le tube de la charnière et contre laquelle la contre-hausse s'appuie par sa rive supérieure.
Dans ce quart de cercle qu'elle peut décrire, la contre-hausse rase par ses bords, sauf un jeu n'excédant pas 4 millimètres, les parements plans de deux diaphragmes h et le parement cylindrique de la maçonnerie. La fonte a reçu les rabotages nécessaires à cet effet; quant à la maçonnerie, elle présente un enduit de ciment Portland g² appliqué sur le rocaillage de meulière G² et réglé, troussé à la demande même de la contre-hausse. Quand celle-ci est dressée dans la position limite qui correspond au relevage (fig. 3), comme elle s'appuie sur des arrêts saillants, elle ne laisse passer l'eau sur aucune de ses quatre rives, et d'autant moins que l'étanchéité du contact est assurée par quatre bandes de caoutchouc fixées en retraite sur sa face d'aval. Mais dans toute autre position de la contre-hausse, il passe un peu d'eau par les vides qui existent entre ses rives et les parements du tambour.
Enfin la contre-hausse divise chaque tambour en deux compartiments d'étendue variable, l'un en amont, l'autre en aval.
Chacun de ces compartiments se clôt par le haut au moyen d'une grande plaque horizontale J' qui s'appuie sur la plate-forme en pierre de taille, sur les deux diaphragmes correspondants h et sur une saillie ou appendice horizontal de la charnière en fonte. Cette liaison, d'ailleurs, maintient la charnière elle-même.
ASPECT DU DÉVERSOIR.
Le déversoir est dès lors terminé, et voici l'aspect qu'il présente; la file de pieux moisés F à 0m 700 en contre-bas de la retenue, puis la large plate-bande en pierre de taille g et la plaque fixe en fonte J' recouvrant le' compartiment d'amont de chaque tambour; puis vient la hausse I, qui peut s'abattre sur la plaque de fonte K recouvrant le compartiment d'aval, après quoi vient la deuxième plate-bande g' raccordée par un glacis curviligne avec les moises F' de la seconde file de pieux, au niveau de l'étiage d'aval.
La création d'un seuil fixe, s'élevant au-dessus de l'étiage, produit naturellement une chute pendant la période des eaux basses et moyennes.
Supposons qu'on puisse à volonté faire communiquer l'un ou l'autre compartiment des tambours avec le bief d'amont du barrage ou le bief d'aval, et voyons ce que les vannes vont devenir.
Si l'on met le bief d'amont en communication avec le compartiment d'amont et le bief d'aval en communication avec le compartiment d'aval, l'eau d'amont agit ,en sens inverse sur la hausse et la contre-hausse; mais elle agit avec plus d'énergie sur la contre-hausse, parce que celle-ci offre un développement plus grand, et surtout à cause de la différence de profondeur : aussi, alors même que le bief d'aval ajouterait sa contre-pression sur la face d'aval de la contre-hausse, on conçoit que celle-ci obéisse à l'effort prépondérant de l'eau d'amont, et se dresse en entraînant la hausse malgré le courant.
On conçoit à plus forte raison le mouvement d'abatage qui se produirait, si on mettait le bief d'amont en communication avec le compartiment d'aval des tambours, tandis que le compartiment d'amont communiquerait avec le bief d'aval.
Pour réaliser, pour chacun des tambours dont le déversoir est composé, ces communications alternatives et combinées, M. Desfontaines a fait établir un aqueduc dans la culée c du déversoir et un autre dans la pile b (fig. '1); un seul de ces deux aqueducs pourrait suffire, mais leurs efforts s'ajoutent en activant la manœuvre et, au besoin, ils peuvent se suppléer.
DISPOSITION INTÉRIEURE DE LA CULÉE.
La culée c, qui a une épaisseur de 3 mètres et une longueur de 5m50 de l'amont à l'aval, est percée dans son milieu d'un aqueduc longitudinal présentant les variations de section que nous allons indiquer.
A l'entrée (en c', fig. 6) et à la sortie (en c²), deux portions de 0m 800 de longueur et 1 mètre de largeur où l'on peut aisément pénétrer; celle d'amont a son radier à 0m 20. en contre-haut de l'étiage d'aval, qui a son radier juste au niveau de cet étiage.
Au centre et sur 2m 080 de longueur, séparée des parties extrêmes par deux puits C² qui mettent l'aqueduc entier en communication avec le dessus de la culée, se trouve la partie essentielle de cet aqueduc, celle où s'accomplit la distribution d'eau dont la manœuvre du déversoir dépend.
Dans cette partie centrale, à sa base, l'aqueduc se subdivise en deux conduits rectangulaires superposés K' et K², séparés simplement par une plaque de fonte k de 0m 02 d'épaisseur; ces conduits ont chacun 0m 60 de largeur et 0m 39 de hauteur.
Dans le massif de maçonnerie qui sépare ces conduits du parement de la culée, et conséquemment du premier tambour du déversoir, on a ménagé deux autres conduits analogues L et L' (fig. 5 et 7), mais non plus superposés; celui L, placé en amont de l'autre et plus haut, prolonge en quelque sorte l'ouverture horizontale H des diaphragmes jusqu'à l'aqueduc supérieur de la culée; l'autre L' prolonge l’ouverture verticale H' jusqu'à l'aqueduc inférieur.
MÉCANISME DU VANNAGE.
Pour permettre d'effectuer à volonté l'ouverture et la fermeture des hausses, les conduits K' et K² sont garnis à leurs extrémités, contre la maçonnerie, à l'intérieur des puits C², de cadres en fonte m. qui servent de glissière aux vannes M et M'.
La première, placée à la tête d'amont, peut fermer l'un des deux conduits en démasquant l'orifice de l'autre, la seconde vanne M' effectue le même service à la tête d’aval.
Les fig. 11, 12, 13 et 14 représentent en détails, à une échelle agrandie, en élévation de face, en sections verticale et horizontale, le mode de construction adopté pour ces vannes, qui sont reliées chacune par une tige m' traversant des guides n implantés dans la maçonnerie; deux autres tiges en fer N, réunies à la première par la petite traverse n', vont se réunir par articulation au balancier en fer N' destiné à transmettre à la vanne d'aval le mouvement qu'on imprime à celle d'amont, ou plus exactement un mouvement inverse.
Les fig. 15, 16 et 17 représentent de face, de côté et en plan le mécanisme placé au sommet des tiges de la vanne d'amont pour communiquer le mouvement nécessaire transmis par le balancier.
Ce mécanisme se compose, comme on voit, d'une tige en fer O munie à son sommet d'un carré pour la faire tourner, et à sa base d'une vis sans fin o, qui engrène avec une roue à denture hélicoïde montée à l'intérieur d'un petit châssis en fer, et fondue avec le pignon droit o'.
Ce pignon est destiné à commander la crémaillère m² formant le prolongement de la tige m' de la vanne.
Les fig. 18 et 19 représentent en détails l'assemblage du balancier N', dont le centre est pourvu d'un axe d'oscillation monté dans des coussinets faisant partie du support double p.
FONCTIONNEMENT.
Après cette description, le rôle des aqueducs et le jeu des hausses vont s'expliquer d'eux-mêmes.
Supposons qu'on veuille procéder au relevage : il suffit, dans ce cas, d'abaisser la ventelle d'amont M de la culée; alors cette ventelle, placée dans la position indiquée fig. 6, enferme l'orifice du conduit inférieur K² démasque celui supérieur K' du même coup et le met en communication avec le bief d'amont, et comme, par le jeu du balancier, ce conduit se trouve en même temps fermé du côté d'aval, l'eau d'amont ne peut se diriger que par l'ouverture horizontale H dans le compartiment d'amont des tambours.
Elle arrive dans le premier d'abord et pèse sur la face d'amont de la contre-hausse I' ; tandis que celle-ci tourne, l'eau passe bien un peu par le vide qui existe sur les quatre rives, mais cette déperdition est sans conséquence comparativement au volume d'eau qui arrive. Aussi la contre-hausse a bientôt atteint sa position verticale et toute déperdition cesse.
Après avoir rempli le compartiment d'amont du premier tambour, l'eau passe dans le second, grâce à l'ouverture horizontale pratiquée dans le diaphragme h, et y remplit le même office.
La transmission s'opère ainsi de proche en proche, et elle s'opère souvent d'un bout à l'autre du déversoir en moins de temps que nous n'en mettons à l'expliquer ici.
Lorsqu'on veut procéder à l'abatage des hausses, on procède inversement, c'est-à-dire qu'à l'aide de la tige à vis O, on soulève la ventelle d'amont. Par ce seul mouvement, le conduit supérieur K', et conséquemment toute la file des compartiments d'amont des tambours se trouvent soustraits à l'influence du bief d'amont et libres de se vider dans le bief d'aval, tandis que le conduit inférieur K², et conséquemment la file des compartiments d'aval des tambours, isolés du bief d'aval, reçoivent à leur tour l'action prédominante du bief d'amont ; les contre-hausses, ainsi prises à revers, se soulèvent vers l'amont (avec une vitesse décroissante d'ailleurs) et les hausses s'abattent sans secousse ni choc pour se placer dans la position indiquée fig. 4.
Ainsi la manœuvre du déversoir consiste uniquement à lever ou baisser une ventelle. Elle s'opère de la rive même, l'éclusier se trouvant sur la culée, où il n'y a aucun danger, sans exiger ni engrenages sujets à se rompre ni effort musculaire, ni adresse professionnelle, avec une régularité et une célérité qui dépassent de beaucoup les besoins réels de la pratique.
Cette manœuvre se réduit à mouvoir pendant quelques instants une manivelle, et le flot va trouver chacune des contre-hausses et la fait tourner contre le courant même.
On a rarement résolu d’une manière plus directe, dit M. Melezieux, dans sa notice sur le barrage de Joinville, « ce problème philosophique de maîtriser en les retournant contre elles-mêmes les forces brutales de la nature. Rarement aussi, la valeur pratique d’une heureuse conception se traduisit aux yeux d’une manière plus saisissante.
« Ces hausses s’alignent avec une régularité mathématique : on dirait une muraille soutenue à chacun des petits vides séparatifs des hausses par des contreforts triangulaires en cristal.
« Au signal donné, chaque hausse à son tour s'incline, tourne gravement autour de sa base et se couche en livrant passage à un torrent d'eau.
S'agit-il du relevage, on voit cette longue et puissante cataracte se fractionner de proche en proche, les hausses se relever doucement, sans secousse, et refouler avec aisance vers l'amont cette lame épaisse qui se débat en vain.
En quelques minutes, la muraille métallique est reformée; toute agitation cesse, et le déversement primitif reprend son cours paisible, »
USINE DE NOISIEL
BARRAGE ÉTABLI SUR LA MARNE - SYSTÈME A HAUSSES MOBILES A TAMBOUR
de M. LOCHES-DESFONTAINES, inspecteur général des ponts et chaussées.
(PLANCHE 9)
Nous sommes allé, il y a quelque temps, à Noisiel visiter l'importante fabrique de chocolat de M. Menier qui, avec une obligeance parfaite, nous a donné toutes les explications nécessaires pour nous rendre compte dans leurs moindres détails, non-seulement des moyens de fabrication du chocolat et des dispositions toutes spéciales des appareils destinés à cette fabrication, mais encore de l'installation générale de l’usine, transmissions, moteurs à vapeur et hydrauliques et travaux de tous genres qui font de l'ensemble de ce magnifique établissement une des plus belles usines de France.
Pour donner une juste idée de ce que nous avançons, nous nous proposons de publier successivement dans ce volume, avec l'autorisation que M. Menier a bien voulu donner à son ingénieur, M. Logre, un de nos bons et anciens élèves, un ensemble des principaux bâtiments de l'usine, quelques-unes des machines perfectionnées employées pour la fabrication du chocolat, et aussi l'un des moteurs hydrauliques qui nous a paru présenter d'heureuses dispositions, en ce qu'il permet une bonne utilisation de la puissance disponible.
Aujourd'hui, nous allons nous occuper d'un barrage que M. Menier a fait établir récemment pour réglementer le régime des eaux qui alimentent son usine. A ce barrage a été appliqué un système de hausses mobiles à tambour très ingénieux, dû à feu M. Desfontaines et qui, bien qu'ayant déjà reçu antérieurement· quelques applications, est encore peu connu.
Les grands travaux entrepris depuis quelques années pour la canalisation des rivières ont permis aux ingénieurs des ponts et chaussées de faire l'application, de divers systèmes de barrages mobiles.
Tels sont : le barrage à fermettes, inventé en 1833 par M. l'inspecteur général Poirée;
le système de hausses automobiles à bascule, inventé en 1852 par M. l'Ingénieur en chef Chanoine; puis enfin les hausses mobiles à tambour de M. Desfontaines.
Nous n'avons pas à faire ressortir les avantages et les inconvénients que peuvent présenter ces divers systèmes, qui peuvent du reste, avoir chacun leur raison d'être dans des cas spéciaux et surtout parce qu'on trouvera sur ce sujet une étude comparative très bien faite par M. de Legrené, dans les Annales des ponts et chaussées, année 1866.
Nous ne nous attacherons qu'à décrire le barrage à fermettes de M. Poirée et le déversoir à hausse mobile à tambour, tous deux appliqués à Noisiel et représentés sur le dessin, pl. 9.
DESCRIPTION DU BARRAGE DE NOISIEL REPRÉSENTE PAR LES FIGURES DE LA PLANCHE 9
La fig. 1 représente à une échelle très réduite, au 1/1000 d'exécution, le plan général du barrage.
Ce barrage comprend :
1° Un déversoir fixe A, de 40 mètres de longueur;
2° Un déversoir à hausse mobile à tambour B, de 40 m 54 de longueur;
3° Trois piles intermédiaires a, b, c, entre lesquelles sont établis les deux déversoirs:
4° Deux pertuis C et C' : le premier de 14 mètres de largeur sur 48 mètres de longueur, pour le passage des grands bateaux; le second de 5 mètres sur 9 m 80 pour les petites embarcations.
Pour les pertuis, le système de barrage à fermettes de M. Poirée a été adopté.
La fig. 2 représente en élévation ce barrage suivant une section faite par l'axe du pertuis.
On sait que ce genre de fermeture consiste en un rideau d'aiguilles en bois D, qui s'appuient; par leur partie inférieure, contre un sabot d disposé dans une cavité ménagée dans le radier, tandis que leur sommet, terminé par une poignée qui permet de les saisir, vient s'appuyer contre une barre horizontale e supportée par des fermettes E.
Ces fermettes sont construites en fer à T avec goussets rivés, et leur partie inférieure est assemblée avec une traverse en fonte E' terminée par deux tourillons disposés pour qu'elles puissent osciller, afin de permettre de les coucher sur le fond du radier et par suite rendre le passage complètement libre et livrer ainsi passage aux bateaux.
Pour rendre possible, la manœuvre des aiguilles, un petit plancher en bois E' se place sur les fermettes qu'il relie entre elles; elles sont en outre pourvues de chaînes qui donnent la faculté de les relever successivement dans l'ordre où elles ont été couchées.
Nous n'avons pas à entrer dans de plus grandes explications sur ce système, bien connu du reste, et ayant subi différentes modifications de détails dans les diverses et nombreuses applications qui en ont été faites.
Arrivons de suite à la description du système à hausses mobiles à tambour de M. Desfontaines, adopté à Noisiel pour régler le régime des eaux de l'usine de M. Menier; sa construction est tout à fait semblable à celle du barrage établi en 1867 sur la Marne, à Joinville, et sa manœuvre exactement la même.
Dans les Annales des ponts et chaussées, M. l'ingénieur Malezieux a publié une excellente notice au sujet de l'établissement de ce barrage, et nous allons lui emprunter, de la description du déversoir mobile, tout ce qui est commun au déversoir de Noisiel.
Ce déversoir est représenté en élévation fig. 3 et 4 et suivant une section transversale passant par les tambours des hausses mobiles, et dans les deux positions correspondantes à la retenue et à l'ouverture, c'est-à-dire les hausses levées et abaissées.
La fig. 5 est un plan vu en dessus de l'une des piles et d'une première division des hausses du déversoir.
La fig. 6 est une coupe verticale faite à travers la pile, suivant la ligne 1-2, pour montrer le mécanisme des ventelles disposées pour la manœuvre des hausses.
La fig. 7 est une section horizontale faite suivant la ligne 3-4 de la fig. 4, afin d'indiquer les communications des conduits pratiqués dans la pile, avec l'intérieur du tambour.
Les autres figures sont des détails, à une plus grande échelle, du mécanisme des hausses et des ventelles.
FONDATIONS.
Le déversoir mobile est compris entré deux files de pieux et palpanches moisées en chêne F et F'. Les moises d'amont sont au niveau du seuil fixe à 0m 70 de la retenue; les moises d'aval F' sont au niveau de l'étiage.
Entre ces moises, sur un béton de fondation, on a construit le massif en maçonnerie, dans lequel est ménagé le vide central G, formant une sorte de coffre ouvert par en haut sur 1 m 550 de largeur et régnant d'un bout à l'autre du déversoir.
La section transversale de ce vide figure à peu près un quart de cercle et un rectangle accolés, le quart de cercle du côté d'amont, le rectangle du côté d'aval est moins large que haut.
Les deux bords de l'ouverture sont formés de plates-bandes en pierre de taille g et g'; celle d'amont est arasée à 0m 700 en contre-bas de la retenue, c'est le seuil fixe du déversoir; celle d'aval, placée à 0m 12 plus bas, forme le commencement du glacis curviligne sur lequel doit couler la lame déversante.
Cette cavité en maçonnerie, de 40 m 54 de longueur, est divisée en tronçons ou tambours de 1m 50 de longueur au moyen de grandes plaques de fonte transversales. Ces plaques ou diaphragmes h (fig. 7, 9 et 10) pénètrent de 0m 08 dans la maçonnerie sur tout le périmètre de la cavité.
Chaque diaphragme h est percé de deux grandes ouvertures : l'une H est à l'amont, vers le haut du quart de cercle, elle est plus large que haute, et nous l'appellerons l'ouverture horizontale; l'autre H' est à l'aval; elle est plus haute que large, nous l'appellerons l'ouverture verticale.
MÉCANISME DES HAUSSES.
Chaque tambour est pourvu d'une vanne en tôle à double battant I, I', munie vers son milieu d'une charnière horizontale composée de tubes en fonte i (fig. 3, 4, 8 et 10), traversés par un axe en fer forgé sur lequel sont montés les trois bras en fer i', sur lesquels sont boulonnées les deux feuilles de tôle de 5 millimètres d'épaisseur.
Le battant supérieur de cette vanne forme la hausse; le battant inférieur, qui descend dans la cavité du tambour, forme la contre-hausse.
La vanne ne peut pas décrire une moitié de circonférence, mais un quart seulement; la hausse I se tient verticalement, comme l'indique la fig. 3, ou s'abat horizontalement du côté d'aval, comme on le voit fig. 4.
Quant à la contre -hausse I', elle prend des positions correspondantes, mais non identiques. D'abord, elle n'est pas dirigée dans le prolongement de la hausse; à son départ de la charnière, elle se contourne brusquement, se porte de 0'" 28 vers l'aval et reprend seulement alors une direction parallèle à celle de la hausse.
Le but de ce contournement, c'est que quand la hausse est abattue, la contre-hausse relevée se trouve non au-dessus, mais au-dessous de l’ouverture horizontale du diaphragme, elle en effleure le bord inférieur, comme l'indique la fig. 4. D'autre part, quand la hausse est levée, la contre-hausse vient s'aligner par sa face d'aval suivant le bord vertical d'amont de l'ouverture verticale du diaphragme.
Ce qui limite le mouvement de la contre-hausse (et conséquemment de la vanne entière) dans cette deuxième position, c'est d'abord le seuil en bois J avec garniture de fer (fig. 3, 4 et 8), sur lequel s'appuie la rive inférieure de la contre-hausse, puis deux nervures h' (fig. 4 et 9) que portent les diaphragmes h, et qui reproduisent le tracé contourné des rives latérales, enfin une troisième nervure horizontale i' venue de fonte sous le tube de la charnière et contre laquelle la contre-hausse s'appuie par sa rive supérieure.
Dans ce quart de cercle qu'elle peut décrire, la contre-hausse rase par ses bords, sauf un jeu n'excédant pas 4 millimètres, les parements plans de deux diaphragmes h et le parement cylindrique de la maçonnerie. La fonte a reçu les rabotages nécessaires à cet effet; quant à la maçonnerie, elle présente un enduit de ciment Portland g² appliqué sur le rocaillage de meulière G² et réglé, troussé à la demande même de la contre-hausse. Quand celle-ci est dressée dans la position limite qui correspond au relevage (fig. 3), comme elle s'appuie sur des arrêts saillants, elle ne laisse passer l'eau sur aucune de ses quatre rives, et d'autant moins que l'étanchéité du contact est assurée par quatre bandes de caoutchouc fixées en retraite sur sa face d'aval. Mais dans toute autre position de la contre-hausse, il passe un peu d'eau par les vides qui existent entre ses rives et les parements du tambour.
Enfin la contre-hausse divise chaque tambour en deux compartiments d'étendue variable, l'un en amont, l'autre en aval.
Chacun de ces compartiments se clôt par le haut au moyen d'une grande plaque horizontale J' qui s'appuie sur la plate-forme en pierre de taille, sur les deux diaphragmes correspondants h et sur une saillie ou appendice horizontal de la charnière en fonte. Cette liaison, d'ailleurs, maintient la charnière elle-même.
ASPECT DU DÉVERSOIR.
Le déversoir est dès lors terminé, et voici l'aspect qu'il présente; la file de pieux moisés F à 0m 700 en contre-bas de la retenue, puis la large plate-bande en pierre de taille g et la plaque fixe en fonte J' recouvrant le' compartiment d'amont de chaque tambour; puis vient la hausse I, qui peut s'abattre sur la plaque de fonte K recouvrant le compartiment d'aval, après quoi vient la deuxième plate-bande g' raccordée par un glacis curviligne avec les moises F' de la seconde file de pieux, au niveau de l'étiage d'aval.
La création d'un seuil fixe, s'élevant au-dessus de l'étiage, produit naturellement une chute pendant la période des eaux basses et moyennes.
Supposons qu'on puisse à volonté faire communiquer l'un ou l'autre compartiment des tambours avec le bief d'amont du barrage ou le bief d'aval, et voyons ce que les vannes vont devenir.
Si l'on met le bief d'amont en communication avec le compartiment d'amont et le bief d'aval en communication avec le compartiment d'aval, l'eau d'amont agit ,en sens inverse sur la hausse et la contre-hausse; mais elle agit avec plus d'énergie sur la contre-hausse, parce que celle-ci offre un développement plus grand, et surtout à cause de la différence de profondeur : aussi, alors même que le bief d'aval ajouterait sa contre-pression sur la face d'aval de la contre-hausse, on conçoit que celle-ci obéisse à l'effort prépondérant de l'eau d'amont, et se dresse en entraînant la hausse malgré le courant.
On conçoit à plus forte raison le mouvement d'abatage qui se produirait, si on mettait le bief d'amont en communication avec le compartiment d'aval des tambours, tandis que le compartiment d'amont communiquerait avec le bief d'aval.
Pour réaliser, pour chacun des tambours dont le déversoir est composé, ces communications alternatives et combinées, M. Desfontaines a fait établir un aqueduc dans la culée c du déversoir et un autre dans la pile b (fig. '1); un seul de ces deux aqueducs pourrait suffire, mais leurs efforts s'ajoutent en activant la manœuvre et, au besoin, ils peuvent se suppléer.
DISPOSITION INTÉRIEURE DE LA CULÉE.
La culée c, qui a une épaisseur de 3 mètres et une longueur de 5m50 de l'amont à l'aval, est percée dans son milieu d'un aqueduc longitudinal présentant les variations de section que nous allons indiquer.
A l'entrée (en c', fig. 6) et à la sortie (en c²), deux portions de 0m 800 de longueur et 1 mètre de largeur où l'on peut aisément pénétrer; celle d'amont a son radier à 0m 20. en contre-haut de l'étiage d'aval, qui a son radier juste au niveau de cet étiage.
Au centre et sur 2m 080 de longueur, séparée des parties extrêmes par deux puits C² qui mettent l'aqueduc entier en communication avec le dessus de la culée, se trouve la partie essentielle de cet aqueduc, celle où s'accomplit la distribution d'eau dont la manœuvre du déversoir dépend.
Dans cette partie centrale, à sa base, l'aqueduc se subdivise en deux conduits rectangulaires superposés K' et K², séparés simplement par une plaque de fonte k de 0m 02 d'épaisseur; ces conduits ont chacun 0m 60 de largeur et 0m 39 de hauteur.
Dans le massif de maçonnerie qui sépare ces conduits du parement de la culée, et conséquemment du premier tambour du déversoir, on a ménagé deux autres conduits analogues L et L' (fig. 5 et 7), mais non plus superposés; celui L, placé en amont de l'autre et plus haut, prolonge en quelque sorte l'ouverture horizontale H des diaphragmes jusqu'à l'aqueduc supérieur de la culée; l'autre L' prolonge l’ouverture verticale H' jusqu'à l'aqueduc inférieur.
MÉCANISME DU VANNAGE.
Pour permettre d'effectuer à volonté l'ouverture et la fermeture des hausses, les conduits K' et K² sont garnis à leurs extrémités, contre la maçonnerie, à l'intérieur des puits C², de cadres en fonte m. qui servent de glissière aux vannes M et M'.
La première, placée à la tête d'amont, peut fermer l'un des deux conduits en démasquant l'orifice de l'autre, la seconde vanne M' effectue le même service à la tête d’aval.
Les fig. 11, 12, 13 et 14 représentent en détails, à une échelle agrandie, en élévation de face, en sections verticale et horizontale, le mode de construction adopté pour ces vannes, qui sont reliées chacune par une tige m' traversant des guides n implantés dans la maçonnerie; deux autres tiges en fer N, réunies à la première par la petite traverse n', vont se réunir par articulation au balancier en fer N' destiné à transmettre à la vanne d'aval le mouvement qu'on imprime à celle d'amont, ou plus exactement un mouvement inverse.
Les fig. 15, 16 et 17 représentent de face, de côté et en plan le mécanisme placé au sommet des tiges de la vanne d'amont pour communiquer le mouvement nécessaire transmis par le balancier.
Ce mécanisme se compose, comme on voit, d'une tige en fer O munie à son sommet d'un carré pour la faire tourner, et à sa base d'une vis sans fin o, qui engrène avec une roue à denture hélicoïde montée à l'intérieur d'un petit châssis en fer, et fondue avec le pignon droit o'.
Ce pignon est destiné à commander la crémaillère m² formant le prolongement de la tige m' de la vanne.
Les fig. 18 et 19 représentent en détails l'assemblage du balancier N', dont le centre est pourvu d'un axe d'oscillation monté dans des coussinets faisant partie du support double p.
FONCTIONNEMENT.
Après cette description, le rôle des aqueducs et le jeu des hausses vont s'expliquer d'eux-mêmes.
Supposons qu'on veuille procéder au relevage : il suffit, dans ce cas, d'abaisser la ventelle d'amont M de la culée; alors cette ventelle, placée dans la position indiquée fig. 6, enferme l'orifice du conduit inférieur K² démasque celui supérieur K' du même coup et le met en communication avec le bief d'amont, et comme, par le jeu du balancier, ce conduit se trouve en même temps fermé du côté d'aval, l'eau d'amont ne peut se diriger que par l'ouverture horizontale H dans le compartiment d'amont des tambours.
Elle arrive dans le premier d'abord et pèse sur la face d'amont de la contre-hausse I' ; tandis que celle-ci tourne, l'eau passe bien un peu par le vide qui existe sur les quatre rives, mais cette déperdition est sans conséquence comparativement au volume d'eau qui arrive. Aussi la contre-hausse a bientôt atteint sa position verticale et toute déperdition cesse.
Après avoir rempli le compartiment d'amont du premier tambour, l'eau passe dans le second, grâce à l'ouverture horizontale pratiquée dans le diaphragme h, et y remplit le même office.
La transmission s'opère ainsi de proche en proche, et elle s'opère souvent d'un bout à l'autre du déversoir en moins de temps que nous n'en mettons à l'expliquer ici.
Lorsqu'on veut procéder à l'abatage des hausses, on procède inversement, c'est-à-dire qu'à l'aide de la tige à vis O, on soulève la ventelle d'amont. Par ce seul mouvement, le conduit supérieur K', et conséquemment toute la file des compartiments d'amont des tambours se trouvent soustraits à l'influence du bief d'amont et libres de se vider dans le bief d'aval, tandis que le conduit inférieur K², et conséquemment la file des compartiments d'aval des tambours, isolés du bief d'aval, reçoivent à leur tour l'action prédominante du bief d'amont ; les contre-hausses, ainsi prises à revers, se soulèvent vers l'amont (avec une vitesse décroissante d'ailleurs) et les hausses s'abattent sans secousse ni choc pour se placer dans la position indiquée fig. 4.
Ainsi la manœuvre du déversoir consiste uniquement à lever ou baisser une ventelle. Elle s'opère de la rive même, l'éclusier se trouvant sur la culée, où il n'y a aucun danger, sans exiger ni engrenages sujets à se rompre ni effort musculaire, ni adresse professionnelle, avec une régularité et une célérité qui dépassent de beaucoup les besoins réels de la pratique.
Cette manœuvre se réduit à mouvoir pendant quelques instants une manivelle, et le flot va trouver chacune des contre-hausses et la fait tourner contre le courant même.
On a rarement résolu d’une manière plus directe, dit M. Melezieux, dans sa notice sur le barrage de Joinville, « ce problème philosophique de maîtriser en les retournant contre elles-mêmes les forces brutales de la nature. Rarement aussi, la valeur pratique d’une heureuse conception se traduisit aux yeux d’une manière plus saisissante.
« Ces hausses s’alignent avec une régularité mathématique : on dirait une muraille soutenue à chacun des petits vides séparatifs des hausses par des contreforts triangulaires en cristal.
« Au signal donné, chaque hausse à son tour s'incline, tourne gravement autour de sa base et se couche en livrant passage à un torrent d'eau.
S'agit-il du relevage, on voit cette longue et puissante cataracte se fractionner de proche en proche, les hausses se relever doucement, sans secousse, et refouler avec aisance vers l'amont cette lame épaisse qui se débat en vain.
En quelques minutes, la muraille métallique est reformée; toute agitation cesse, et le déversement primitif reprend son cours paisible, »
Note moyenne