11 XT - Sous le Crochémont - Les maux du 17° siècle
- Thématique Balade
- Mis à jour le 27/05/2021
- Identifiant 384732
durée / niveau
Rando pédestre
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distance
4,8 km
type parcours
Boucle
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Lieu de départ
88220 Xertigny
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accessibilite
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prestations payantes
Non
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type(s) de sol
Bitume
Graviers Terre |
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Mots clés
Promenade, campagne
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Photos & vidéos (3)
description
Ce circuit de 4 km traverse le hameau d’Amerey situé au bord de L’Aître puis remonte sur le plateau avant de redescendre en offrant une vue sur les deux versants de la vallée. Le parcours dans le village permet de faire le tour de nombreuses fontaines et calvaires disséminés parmi les anciennes fermes.
Départ devant l’école d’Amerey :
Au départ de l'ancienne école se diriger vers l’ouest dans la grande rue jusqu'à s'engager sur le chemin de la Rappe. Ce chemin monte vers le sud jusquà la route bitumée qui croise la ligne électrique. A ce carrefour poursuivre le chemin vers l'est tout en suivant toujours la numérotation 11, poursuivre tout droit dans le chemin de terre au carrefour du point coté 433 en appréciant la vue vers le nord. Arrivé à la route bitumée prendre à gauche vers le nord pour redescendre vers Amerey et reprendre la Grande rue en faisant ce petit écart par le chemin de l'usine. Pour retrouver le point de départ à l'ancienne école.
Caractéristiques du parcours :
• Amerey est un hameau important, il dut sa prospérité, voire son existence à une abbaye située aux environs de la gare actuelle. (ouvrage du chanoine Lemoine 1956)
• Autrefois, le hameau d’Amerey ne possédait pas cette ‘’grande rue’’. Le visiteur peut s’imaginer la topographie de l’ancien village en parcourant cet entrelacs de petites ruelles organisées autour des fermes et fontaines.
• Le Village et son moulin furent rasés au XVII° siècle lors du passage des Suédois (guerre de trente ans) catastrophe à laquelle se sont ajoutés les ravages de la peste.
• Notons le procès en sorcellerie de Claudon Voillaume en 1629 enfermée à la prison de Fontenoy et torturée afin de lui arracher les aveux d’un pacte avec le diable. Pacte qu’elle a renié sans cesse avec ces paroles ’’Nian , nenni, ma foi, je suis une bonne chrétienne’’
• Croix du boucher : par un petit écart il est possible de se rendre à cette stèle située en lisière de forêt qui rappelle les circonstances de la mort de Constant Breton 36 ans, boucher à Bains, s’étant perdu dans une tempête de neige à cet endroit.
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Points d'interêt (4)
La peste dans les Vosges au 17° siècle
La peste a été introduite en Europe en 1348, par des bateaux venant de Crimée et accostant dans différents ports de la Méditerranée (Messine, Gênes, Marseille…).
En trois siècles (de 1349 à 1670), la peste a contaminé tout le continent, dont la France et la Lorraine, des poussées violentes alternant avec des accalmies et décimant des millions de personnes.
La maladie toucha à nouveau fortement la Lorraine de 1600 à 1642. Ainsi dans les Vosges, à Rambervillers dès 1610 et réapparition à Épinal en 1629, puis deux vagues meurtrières en 1631 et 1635-1636 (qui tua à Épinal en quarante semaines les 9/10ème de la population). Ces vagues coïncident avec la Guerre de trente ans et les mouvements continus des soldats mercenaires. Ceux-ci, en plus d’apporter le désastre (massacres, viols, pillages, incendies) véhiculaient toutes sortes de maladies.
Les Suédois vecteurs de la peste "peste suédoise", ainsi que les Hongrois "peste hongroise" en plus du mal hongrois (la syphilis), les soudards allemands (la dysenterie), le typhus etc.…
Les maladies contagieuses accompagnent les mercenaires en marche.
La peste bubonique, mais aussi pulmonaire, est transmise par morsure de puces infectées provenant d’un rat ou d’autres mammifères. Appelée aussi « la mort noire », extrêmement contagieuse, elle laisse apparaître des bubons noirâtres aux aisselles et à l’aine (inflammation des ganglions lymphatiques), les malades mourant en quelques jours.
Pour lutter contre la maladie, on marquait d’une croix les maisons des occupants contaminés et on les conduisait à l’extérieur de la ville dans des hébergements sommaires. On recommandait également de s’enfermer pour éviter tout contact, d’assainir l’air en aérant, de parfumer l’intérieur avec du thym, de la sauge, de l’aneth, de la lavande, de faire du feu. On préconisait des remèdes de purgation, des saignées et l’utilisation du citron. On faisait mûrir les bubons avec des cataplasmes avant de les ouvrir. On invoquait la protection de la Vierge et des saints guérisseurs, saint Sébastien et saint Roch.
Les médecins se protégeaient avec de grands manteaux, une cagoule, des chausses, des bottes et un masque à grand bec recourbé (« bec de corbin »), contenant des herbes aromatiques censées être antiseptiques. Ils utilisaient une baguette (« canne de saint Roch ») destinée à écarter les vêtements sans contact direct avec le pestiféré.
Les apothicaires fournissaient de l’eau de cannelle, de plantain, de rosier, du charbon béni, du sirop de rhubarbe, de l’huile de muscade et d’aneth.
L’épidémie de peste ajoutée à la Guerre de trente ans, aux grands froids (période du « petit âge glaciaire ») et à la famine (on déterrait des corps pour les manger) occasionna la disparition de dizaines de villages et une perte de population estimée à 60 %.
À Xertigny la peste de 1642 imposa l’aménagement de grands cimetières en pleine campagne : à Xertigny, la Rue, Amerey
88220 Xertigny
La croix du boucher Constant Breton à Amerey
Le 14 décembre 1855 Constant BRETON boucher à Bains les Bains vient prendre livraison de deux animaux dans une ferme à Amerey.
Le temps est mauvais, il se dépêche de rentrer avec des animaux sur son traîneau par la route des chapeaux qui monte vers La Chapelle aux Bois en direction de Bains les Bains. La neige est tellement épaisse, le ciel si noir, il doit se dire qu’il n’arrivera pas à destination il attache donc traîneau et animaux à un arbre pour se résoudre à chercher du secours, et plonge dans la forêt en direction d’Amerey... on le retrouvera mort en forêt quelques jours plus tard et on élèvera à cet endroit une stèle à sa mémoire.
Cet homme est mort à 36 ans avec un fils de 3 ans et les vicissitudes du destin font que ce fils décédera à 28 ans laissant à nouveau un fils de 3 ans. Mort perdu en forêt, le lieu de mémoire meurt également dans la transmission orale de la famille. Les deux jeunes veuves se succédant à 25 ans d’intervalle ayant certainement d’autres priorités que de gérer la stèle mémorielle au nom de leur belle famille.
Le 4 mars 1952, près d'un siècle plus tard, Henri Martin Journaliste à la liberté de l'est relate cet événement dramatique. Les descendants de Constant Breton, émus par ce surgissement de leur propre histoire se mettent en recherche du monument mémoriel mais sans succès. Peut-être cherchent-il d'abord dans le secteur assez bien décrit par l'article mais ils réorientent peu à peu leur quête vers Harsault La Haye où a vécu un descendant de Constant Breton. Cette quête de mémoire au mauvais endroit durera près de 70 ans...
Printemps 2020, après l’hiver le printemps, deux personnes qui se rencontrent régulièrement depuis 20 ans dans un cadre associatif possèdent à elles deux la clé qui permettra de refaire le lien. L’une exprime régulièrement qu’elle sait de sa grand mère qu’elle a un ancêtre qui a disparu en forêt quelque part dans la Vôge, vers la Haye ou Harsault croit-elle. L’autre connaît l’existence d’un monument en forêt évoquant une mort accidentelle mais à Amerey. Rien ne permet de relier ces deux éléments jusqu’au jour où, par on ne sait quelle connexion, un mot, un complément d’information dénoue l’énigme. Peut-être la descendante parle-t-elle d’un boucher ? ... Or il se trouve qu’à Amerey on désigne par “la Croix du boucher„ ce monument de mémoire il s’agit peut-être de la solution, on vérifie l’inscription, elle porte bien le nom de Constant BRETON mort ici par accident .... Pour cette famille, l’histoire a bien effectué un saut de 165 ans.
Xertigny en Transitions ayant développé un réseau de sentiers de randonnée couvrant l’ensemble du territoire communal on décide donc d’en baliser une petite variante pour rendre à ce pauvre boucher la mémoire de son triste sort en ces temps difficiles, une façon de nous relier aux temps qui passent et de nous interroger sur le notre et nos propres difficultés à prendre du recul.
88220 Xertigny
La Louvière
Renforcés par leurs congénères venus de l’est, traversant le Rhin gelé, suivant les armées en guerre et les massacres de populations, qui laissaient à terre nombre de cadavres (humains non ensevelis et chevaux morts), ils proliféraient par milliers.
La paix revenue avec la lente repopulation et la reprise des activités humaines, la concurrence entre l’homme et le loup, s’attaquant au bétail, s’est exacerbée.
Quelques fois aussi, et bien que fuyant l’homme, ils s’attaquaient aux plus faibles (enfants bergers, femmes isolées), encore qu’il s’agissait plus de loups enragés que de loups sains affamés.
Dès lors, tous les moyens ont été utilisés pour les détruire avec l’incitation par des primes offertes pour chaque cadavre : traque, armes à feu, piégeage, empoisonnement, capture des louveteaux au printemps dans les tanières,…
Le lieu-dit Chemin de La Louvière à Amerey, rappelle une forme de piège que l’on appelait la fosse aux loups ou ailleurs, trou du loup ou trappe à loups. La louvière était mise en place par les paysans, premiers concernés par le danger que représentait le loup pour leur bétail.
La plupart des villages situés à l’orée des forêts, construisaient à leur entrée, des fosses à loups, munies ou pas de pièges , installées sur le chemin emprunté par les loups allant s’abreuver au ruisseau .
Un loup pouvant sans élan faire un saut de 2 m, la louvière était une fosse de 3 à 4m de profondeur.
Le fond, d’un diamètre de 3m, était plus large dans son pourtour que le haut , d’un diamètre d’environ 2m , pour empêcher le loup de gravir les parois. La louvière était fermée par un couvercle de fines planches, recouvert d’herbes et de fougères , de manière à s’ouvrir par le milieu en dedans de la fosse dès l’engagement de l’animal .
Pour attirer le loup , on y mettait un appât vivant ( un jeune mouton bêlant) ou une carcasse préalablement trainée sur le sol vers la fosse . Pris au piège, le loup était à la merci des chasseurs.
L’extermination systématique des loups en France et en Lorraine s’est poursuivie du 19ème au début du 20ème siècle.
Depuis les années 1990 (après une absence de quelques 70 ans), les loups ont réapparu. Ils sont venus d’Italie qui a toujours conservé l’espèce dans les Abruzzes et les Appenins ( environ un millier d’individus).
Leur réapparition progressive, y compris dans les Vosges, pose nombre de problèmes aux éleveurs, particulièrement du fait des dégâts causés dans les troupeaux, par des individus isolés, ne pouvant chasser le gibier en meute.
La question est d’appliquer les solutions de cohabitation adaptées (aides financières pour l’embauche de bergers, achat et entretien de chiens de protection, de clôtures électrifiées, analyse du risque de prédation, …).
Aujourd’hui, le loup fait partie du patrimoine naturel et de la biodiversité (au même titre que le lynx, l’ours, les chauves souris, les castors, le grand tétras,…). Il a sa place dans la chaîne alimentaire, en tant que prédateur, il participe à la régulation notamment des populations de cervidés et de sangliers, en éliminant les surplus par les plus faibles ou les malades .
A ce titre, c’est une espèce "strictement" protégée par la convention de Berne de 1979, dont l’objet est de préserver la flore et la faune sauvage ainsi que leur habitat naturel. Il est protégé également par la directive 92/43CEE "habitat-faune-flore", le code de l’environnement Français ainsi qu'un un arrêté de 2007 fixant la liste des animaux protégés .
Un plan d’action pluriannuel vise à concilier la protection de l’espèce et le maintien des activités d’élevage.
Des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par le Préfet pour prévenir des dommages importants, sous conditions ( absence d’alternative , intérêt à agir ) sans nuire au maintien de l’espèce .
En dépit de ce cadre juridique protecteur, un arrêté de 2020 des ministères de l’environnement et de l’agriculture, malgré un avis défavorable du Conseil National de Protection de la Nature, a relevé le pourcentage annuel de loups pouvant être abattus en 2021 de 19 à 21% (soit 121 pour une population estimée à 580 individus , non exempts déjà des risques de braconnage ou d’accidents dus aux véhicules). Cette politique de tirs intensive menace la conservation du loup dont la croissance est ralentie ( 9% contre 22% l’année précédente ).
En 2020 , 94 loups avaient été tués à fin octobre pour un quota de 98 . A titre d’exemple, 17 loups ont été tués dans les Hautes Alpes, 27 dans les Alpes Maritimes, 1 dans les Vosges.
L’homme qui a colonisé à son profit la majeure partie de l’espace naturel, va-t-il laisser sa place à la biodiversité ?
D’autres pays Européens de taille réduite (Slovénie, Slovaquie, Serbie par exemple) vivent depuis toujours en cohabitation avec des loups et des ours par centaines, sans que l’on ne relève de dommages surabondants, dès lors que la surpopulation est régulée, l’espace respectif clairement réparti et les niches écologiques respectées.
A lire « Les loups en Lorraine » de Jean-Yves Chauvet
88220 Xertigny
La sorcellerie au 17° siècle
Nicolas Rémy est né à Charmes en 1530. Après des études à Paris et à Toulouse, il débuta sa carrière comme lieutenant général au bailliage des Vosges à Mirecourt pour finir procureur général de Lorraine à Nancy, chargé d’instruire les procès en sorcellerie.
Les accusations de sorcellerie recouvraient les actes de maléfices (méfaits supposés être la cause de maladies, de mort, d’infertilité, de vénéfice ou empoisonnement, de mauvaises récoltes…) ainsi que l’apostasie (renoncement à la foi en dieu et pacte et commerce avec le diable).
Nicolas Rémy, l’inquisiteur, écrivait, dans son ouvrage « la Démonolâtrie » avoir envoyé au supplice en 16 ans « au moins 800 sorciers convaincus » et ajoutant qu’« un nombre à peu près égal avait échappé à la mort par la fuite ou par leur constance à ne rien avouer sous la torture ».
Nicolas Rémy est décédé en 1612 à Bayon, avant le décès de Claudon Voillaume, et on peut donc en conclure que ce n’est pas par ses horribles sentences que Claudon a perdu la vie mais peut-être sous celles de son fils.
Les personnes accusées de sorcellerie subissaient la torture pour les faire avouer. Lorsqu’elles n’avouaient pas elles finissaient par mourir dans d’atroces souffrances ou préféraient se suicider.
Claudon Voillaume est bien morte des suites des tortures endurées.
La présence d’avocats pour défendre les prévenus n’était pas autorisée car tout défenseur aurait immédiatement été considéré comme acquis au démon.
La "question ordinaire" ou "extraordinaire" consistait en quatre types de tortures appliquées graduellement : les grésillons (étau et grosse vis pour écraser les mains et les pieds), l’échelle (où le corps allongé est étiré par un tourniquet à crémaillère). En cas de résistance, on appliquait les deux suivants, les tortillons (supplice de l’échelle en garrottant les membres pour les comprimer à la limite de l’éclatement), l’estrapade (suspension durable du corps par les poignets, avec retombées brusques, puis lestage avec des pierres).
Le crime de sorcellerie était considéré comme le pire des crimes. La sentence commune était la mort en transportant la victime sur « la charrette d’infamie » jusqu’au bûcher. Celui-ci était composé en moyenne de trois stères de bois payés comme les autres frais du procès (frais des magistrats, arrestation, détention, chirurgien, bourreau, combustible etc.) par les biens de la victime...jusqu’au repas, toujours à ses frais, qui clôturait l’exécution de la sorcière.
Cette période qualifiée de « grande chasse aux sorcières » a sévi sur toute la Lorraine de 1555 à 1662. Notons enfin que cette croyance dans les forces obscures du démon était partagée par l’ensemble de la population et que personne ne remettait en cause la brutalité pour éradiquer cette malédiction démoniaque.
Complément historique :
Charles IV de Lorraine voulait remettre en cause son mariage avec Nicole la fille aînée d’Henri II, le précédent Duc de Lorraine et par qui il a obtenu son titre de duc. Afin d'arriver à ses fins, il fait condamner en 1631 Melchior de la Vallée, un riche abbé de Nancy pour sorcellerie, car c'est lui qui avait consacré ce mariage dont il ne voulait garder que le titre ducal. La condamnation de l'abbé pour sorcellerie invalidait de fait cette union avec Nicole. Pour parfaire l'image de cette triste période on voit ici que les accusations de sorcellerie et leurs détournements ne touchaient pas que le petit peuple. L'immense domaine dirigé par Melchior de la Vallée fut ensuite attribué à un groupe de moines chartreux qui fondèrent ensuite la chartreuse de Bosserville près d'Art sur Meurthe.
SOURCES :
Remy Nicolas, Procureur Général ou grand criminel ?
Voir l’ouvrage de Henry Najean « Le diable et les sorcières chez les Vosgiens » prix Erckmann-Chatrian 1970
et « Procès de sorcellerie aux 16ème et 17ème siècles en Lorraine » de Jacques Roehrig.
88220 Xertigny